Blessé à Marseille, l’ancien n°1 mondial jette l’éponge

Il l’avait dit à notre journaliste au moment où nous prenions de ses nouvelles : « si je suis blessé sérieusement, j’arrêterai là ma carrière ». Sans avoir plus de précision sur l’étendue de sa grave blessure musculaire (voir les détails ici), le champion emblématique de l’année 2009 vient de nous le confirmer : il arrête. La médaillée olympique Automne Pavia, avec laquelle il forme un attachant couple de judokas champions, l’avait pressenti hier sur le ton de la confidence attristée. « C’est trop de blessures, maintenant il faut arrêter ça… ». Voilà. C’est fait.

Yves-Matthieu est monté de sa Réunion natale – comme les autres membres de la fratrie Dafreville – pour montrer ce qu’il valait en judo et tenter sa chance en métropole. Coup d’essai, coup de maître, mieux que les autres natifs de la belle île, Yves-Matthieu s’impose. Champion de France cadets 99 (-73 kg), champion de France juniors 2001, et cinquième des championnats d’Europe juniors 2001, il part à l’assaut des seniors avec tous les signes d’un haut potentiel. Rapidement international seniors,  il surgit en 2006 en finale du « National » -90 kg – la catégorie du champion du monde Demontfaucon – finale perdue d’un rien contre Meheddi Khaldoun,  après avoir digéré une nouvelle montée de catégorie. Méaillé national en 2007, c’est lui qui fait alors la meilleure saison et emporte sa première sélection pour un championnat du monde. En 2008, il part aux Jeux olympiques de Pékin qu’il termine à une frustrante cinquième place. Champion de France 2009, il entame alors un début de saison exceptionnel, invincible avec son imparable sumi-gaeshi (plus précisément hikikomi gaeshi), son arme absolue. Il gagne le tournoi de Paris devant le Japonais Takeshi Ono, le tournoi d’Allemagne devant le Japonais Yuya Yoshida et prend la première place mondiale de la toute récente « ranking list ». Champion du monde ? Hélas non. Il se blesse alors très gravement dans une « baston » au sol avec l’un de ses rivaux du moment, Nicolas Brisson. Désinsertion musculaire, de longs mois de convalescence… la machine est cassée et le ressort ne sera jamais totalement retendu. De retour vers la fin 2010, Yves-Matthieu Dafreville parvient encore à faire quelques jolis combats. Il sera 5e du Grand Prix de Chine, 5e de la « World Cup » polonaise, séletionné sans succès aux championnats d’Europe et du monde 2011, 3e à la « World Cup » de Corée. Troisième au Grand Prix d’Allemagne 2012, avec une nouvelle magnifique victoire sur Takeshi Ono, on le croit reparti. Il fait encore un championnat d’Europe aux côtés de Romain Buffet, puis s’éclipse sous le poids des blessures et de la montée en puissance de plus jeunes, dont Alexandre Iddir.

Revenu cette année par la petite porte – le championnat de France 2e division – en 1e division dans la catégorie des -100 kg, suivi par un nouveau staff, Stéphane Auduc et les hommes du Sucy Judo Club, modeste et anxieux, ce perfectionniste insatisfait avait bon espoir de refaire un dernier joli bout de carrière, à 31 ans. L’aventure tourne court.
La rédaction lui souhaite bon courage, prompt rétablissement, et bonne chance  pour la suite de sa carrière professionnelle.