Thomas Perret était au Matsuyama Budokan, son récit

Le Matsuyama Budokan, un bâtiment récent aux dimensions impressionantes.

Thomas Perret est judoka, en vadrouille au Japon pour trois mois. Il nous raconte son passage par l’impressionnante compétition nationale des jeunes judokas japonais.

À Matsuyama, dans le grandiose Matsuyama Budokan, le plus grand lieu au Japon consacré aux « Budo », a lieu cette année les championnats du Japon des « Junior High School ». Imaginez sur 1200 tatamis (!) des jeunes judokas âgés de 13 à 15 ans, venus de tout le Japon pour s’affronter pendant trois jours. En voyage d’entraînement au Japon en ce moment, j’ai eu la chance de pouvoir être présent sur le dernier de ces trois jours. Sur le premier, c’est le championnat par équipes (remporté cette année chez les garçons par Kokushikan). Le deuxième jour est celui des filles, tandis que le dernier, auquel j’ai assisté, était réservé aux garçons.

Pour les jeunes Japonais l’enjeu est très important puisqu’il s’agit d’un gigantesque espace de recrutement pour les universités, et même pour les sélectionneurs nationaux qui sont présents. Au Japon, c’est un âge plus observé qu’en France. L’intensité de travail à laquelle sont soumis ces jeunes permet de mesurer les talents naissants. 
Ce qu’on voit sur cette compétition ? Du judo bien sûr ! Et du meilleur. Les combat durent trois minutes, shime-waza (étranglements) autorisés mais pas de kansetsu-waza (clés), les saisies doivent être classiques. Les saisies hautes sont tolérées tant que le pouce reste a l’intérieur du col. Pas de seoi-nage les deux genoux au sol, c’est interdit. Un genou au sol est toléré.
Les interventions de l’arbitre sont rares, ce qui permet de longues séquences afin de préparer les attaques. On est loin du judo de haut-niveau actuel dans l’esprit de l’arbitrage. 

Pas assez de seoi-nage…

La qualité est au rendez-vous. Beaucoup de ippon… Uchi-mata, harai-goshi et tsuri-komi-goshi semblent être les techniques les plus appréciés par les jeunes, toujours accompagnées de magnifiques préparations en ashi-waza. Et les professeurs japonais sont les gardiens de l’exigence. Quand on leur demande ce qu’ils pensent de la compétition, ils répondent invariablement avec une moue japonaise quelque chose de ce genre : « C’est moyen. Ils ne sont pas prêts physiquement. On voit peu de morote-seoi-nage ».

Ceux qui m’ont le plus marqué

Yamahashi Ryogo est de Tokai Sagami (le collège de Tokai). C’est un -81 kg qui a dominé la compétition avec en finale un ippon sur ko-uchi-gaeshi après 22 secondes de combat seulement. Il devrait être fort.
Très impressionnant aussi, Uchimura Shushi , en -66 kg, qui ne cède qu’en demi-finale après une lutte acharnée… alors qu’il n’a que 13 ans. Seront-ils les meilleurs dans les trois à cinq années à venir ? En tout cas, ils sont incroyables à voir. 

Un recensement national des jeunes combattants

Une fois les combattants éliminés (ou vainqueurs) de la compétition, on ne retrouve pas son groupe, son sac et ses bouteilles de « Pocari Sweat » (une boisson de récupération très appréciée par les sportifs japonais). Pas de repos pour tous ces jeunes. Pour tout le monde, direction une salle spéciale où tous les combattants passent différents tests physiques. Poids, taille, mais aussi force, endurance, coordination… Ces données sont collectées par la Fédération Japonaise et permet de mieux détecter les potentiels – ou du moins de comprendre comment ils évoluent à travers les âges – et de suivre le niveau général de performance physique des nouvelles générations. Chaque jeune athlète reçoit par la suite un bilan personnalisé sur ses points forts et sur les points à améliorer pour progresser. Impressionnant. À quand un procédé similaire en France ?