Un dossier consacré aux maux du judo français à lire dans l’EDJ 70

Depuis les championnats du monde de Budapest, au bilan décevant côté français au-delà du strict aspect comptable (2e nation, grâce aux deux titres de Clarisse Agbegnenou et Teddy Riner), ça s’active en coulisses, entre affirmation de mécontent et réaction de la fédération, qui cherche aussi à réaffirmer une autorité fragilisée sur la dynamique générale du haut niveau. Premier à se mettre en action, le président de FLAM 91 Stéphane Nomis a ainsi annoncé début septembre qu’il retirait ses athlètes du système fédéral, « dans l’attente d’une transformation du modèle sportif ». Ce à quoi le président de la FFJDA Jean-Luc Rougé a répondu, dans un article paru dans le quotidien L’Équipe le 8 septembre : « S’il y en a qui veulent s’en aller, qu’ils le fassent. S’ils optent pour une préparation de leur côté et que ça marche, tant mieux pour eux. En tout cas, ça ne me gêne pas ».

© L’Esprit du Judo / La couverture de notre numéro de rentrée, que vous pouvez feuilleter en cliquant dessus.

Une situation de tension déclarée et d’inquiétude sourde que L’Esprit du Judo analyse dans son n°70 (dans les boîtes aux lettres des abonnés à partir de vendredi, puis dans les kiosques dès lundi prochain) dans la cadre d’un dossier intitulé « les sept points noirs du judo français » où nous avons donné la parole à différents acteurs (directeur technique national, cadre technique, professeurs de clubs formateurs et de structures élite). 
Prévue suite au débriefing des championnats du monde par le staff national, une réunion entre les membres de la fédération (Jean-Luc Rougé, Jean-Claude Senaud, Jean-Pierre Tripet) et présidents et entraîneurs des clubs de haut niveau a eu lieu mercredi dernier. Au programme de cette rencontre, les conditions d’accès et de présence des entraîneurs de club à l’INSEP. Lors de cette réunion qui a rassemblée trente-trois personnnes, le DTN Jean-Claude Senaud a notifié aux entraîneurs qu’ils seraient dorénavant autorisés à venir seulement deux jours par semaine* et devront rester en civil et silencieux dans les tribunes. Une annonce qui devra être officialisée par la signature d’une convention sur le mode « à prendre ou à laisser » : si les clubs refusent, l’accès aux tatamis situés au coeur du Bois de Vincennes leur sera interdit. Un rendez-vous qui s’est déroulé dans une atmosphère houleuse et tendue et dont la teneur a fini d’exaspérer les clubs, furieux d’être réduits au rôle de spectateurs et de se voir reprocher de parasiter le travail des entraîneurs nationaux et d’être officieusement identifiés comme les responsables des faibles résultats du moment, mais surtout inquiets pour le quotidien de leurs athlètes alors que se profile déjà le début des qualifications pour Tokyo 2020, au printemps prochain. Sans oublier, bien sûr et surtout, en ligne de mire, la perspective des Jeux de Paris 2024.

*le mardi et le jeudi, alors que le vendredi, que les fréquents départs en compétition rendent plus aléatoire en termes de présence et d’engagement, avait dans un premier temps été retenu en plus du mardi.

© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du judo / L’accès aux tatamis de l’INSEP, enjeu de haute lutte entre la FFJDA et les clubs.

Si, malgré nos sollicitations personne ne souhaite pour le moment évoquer officiellement le sujet, préférant parler d’une seule voix le moment venu, selon nos informations, des annonces fortes pourraient ainsi intervenir dans les prochains jours, qui iraient dans le sens du bras de fer et pourraient embarrasser la fédération. C’est le projet de performance du judo aux Jeux 2020 et, au-delà, à ceux de Paris 2024 qui en dépend.