Le leader de l’équipe prend la responsabilité du comportement de son combattant

Tiré à quatre épingles, mais rasé comme un premier année, Kosei Inoue face à la presse japonaise.

La Fédération japonaise de judo a resserré la vis depuis les problèmes de discipline observés autour de l’équipe féminine et de l’université Tenri. La règle est la même pour tout le monde. Pas de passe-droit et pas le droit à la faute. Naohisa Takato l’a appris à ses dépens ce lundi. Coupable de retards lors des rassemblements de l’équipe nationale pendant les championnats du monde fin août à Chelyabinsk, le lutin japonais – un garçon un peu à part, marié à 20 ans et addict du « Pachinko », un jeu de machine à sous à la Japonaise – a été puni. Premièrement, il a été obligé de se raser la tête comme un étudiant de première année. Deuxièmement, il n’est plus dans l’équipe A nippone, l’élite, celle des Ebinuma, Ono ou Shichinohe, les leaders. Il se retrouve dorénavant dans l’équipe B où se côtoient les 7 meilleurs judokas par catégorie. Une mesure spectaculaire qui n’aura certes aucune conséquence sur les prochaines sélections de Takato en tournoi mais qui le ramène avec le commun des judokas de l’équipe nationale, ce qui est une sanction considérable dans le monde japonais où le groupe et ses hiérarchies subtiles sont tout. Takato n’est désormais plus un « sempai » (un aîné) prestigieux avec ses passes-droits et le confort d’être aidé par les kohai, mais un simple « kohai » (cadet) parmi les autres avec les tâches qui vont avec… Une sanction symbolique, mais violente, et qui concerne, comme ce fut le cas de Shohei Ono il y a quelques mois, l’un des grands leaders sportifs de ce groupe en reconstruction. Le message implicite : « votre réussite ne vous donne aucun droit à manquer à vos obligations d’exemplarité dans la tenue et l’attitude et nous sommes prêts à tout pour que vous, la jeune génération la plus brillante, le compreniez ». La reconstuction du judo japonais est à l’œuvre.

Kosei Inoue rasé, un message complexe

Ce qui est plus intéressant encore, c’est que Kosei Inoue, en annonçant cette mesure lundi devant la presse de son pays, est apparu lui aussi avec le crâne rasé. Le chef de l’équipe masculine, probablement décisionnaire majeur dans la décision de sanctionner Takato, s’estime donc aussi coupable des fautes commises par le champion du monde 2013 des moins de 60 kilos et a choisi de se tondre lui aussi. Un geste spectaculaire et subtil qui s’adresse au Japon et au combattant, pour montrer la solidarité du leader du groupe et son implication totale dans le redressement de l’équipe sur le plan du comportement et des valeurs à respecter. Un geste aussi qui montre à l’extérieur que la tradition hiérarchique de la culture japonaise et sa réputation de dureté est plus complexe qu’on ne le croit souvent. Kosei Inoue a rappelé la dimension de réciprocité d’un lien de hiérarchie au Japon et la nécessaire implication du leader dans ce qui est demandé au groupe.