Face à l’inquiétude mondiale, le président de la FIJ s’explique

Lettre de Marius Vizer, président de la FIJ, pour répondre aux inquiétudes consécutitves à l’annonce en début de semaine de l’interdiction pour les judokas présents dans les classements mondiaux de prendre part aux compétitions d’autres sports de combat  :

« Chers Judokas,

Au regard de vos inquiétudes concernant la décision de la FIJ de limiter la migration de judokas vers d’autres sports ou disciplines, je tenais à faire les clarifications suivantes: la FIJ, les Unions Continentales, les Fédérations Nationales, ainsi que les clubs de judo ont fait de sérieux efforts à tous les niveaux au cours des années passées, avec pour objectif de supporter et participer au développement et à la réforme de notre sport.
La Fédération Internationale de Judo et ses Fédérations Membres ont investi sans compter dans l’entraînement et dans les programmes de compétitions, dans la mise en place de structures, dans le don d’équipements et dans la couverture médiatique. Tous ces investissements doivent être préservés, comme dans n’importe quel autre sport qui a dans ses règlements un devoir de retour sur investissement vis-à-vis des structures de formation.
Ce programme de développement extensif a un impact sur la complexité du programme de compétition, sur la stratégie média et communication, la promotion, le programme de solidarité de la FIJ qui coûte plusieurs millions de dollars chaque année, sur le Département des Sports, celui de l’Arbitrage, sur le Département Financier, sur les programmes Judo pour les enfants, Judo à l’Ecole, Judo pour la Paix, ainsi que sur les primes aux athlètes et aux entraîneurs. Tout cela faisant partie d’un tout et concourant à l’idée d’un changement radical de notre sport, comme cela a été confirmé par l’inclusion du judo, pour la première fois de l’histoire, dans la troisième catégorie des Sports Olympiques parmi les cinq catégories existantes, et dans le même temps en ayant pour objectif majeur l’introduction du tournoi par équipes lors des Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.
Tous nos résultats, ainsi que l’objectif de voir le tournoi par équipes pour la première fois aux Jeux de Tokyo 2020, renforcent notre conviction que nous devons maintenir notre sport dans le cadre d’une communauté homogène, unitaire, propre et intègre, pour pouvoir atteindre nos objectifs au cours de la période suivante. Le Judo souhaite préserver son patrimoine.
Il est important de se souvenir que lorsque la Lutte a été temporairement retirée du programme Olympique, une des raisons de ce retrait était liée au fait que ce sport associait et intégrait d’autres disciplines de combats incompatibles avec les valeurs éducatives du sport.
La FIJ n’exclut pas de collaborer et développer des partenariats avec d’autres disciplines de sports de combat, mais cela doit être fait dans les limites des avantages mutuels et sans migration d’athlètes d’une communauté vers une autre. Certains accords spécifiant les conditions de participation ont été établis avec des fédérations.
En cette période de réformes et de développement du Judo, d’autres sports ou disciplines ont noté notre évolution et ils ont montré un intérêt grandissant à attirer nos athlètes déjà formés grâce aux investissements de leurs Clubs, de leurs Fédérations Nationales, leurs Unions Continentales, ainsi que de la part de la FIJ, dans le but de bénéficier de leurs services et de générer des bénéfices financiers au profit de certains responsables d’autres sports, ainsi que dans le but de promouvoir une image de ces sports au travers de la performance de nos athlètes, obtenus au prix d’une débauche d’efforts et d’un travail acharné dans les compétitions de judo à tous les niveaux ainsi qu’aux Jeux Olympiques. De plus, des structures privées d’organisation de matchs exploitent le travail de nos fédérations sans aucune compensation.
Dans le même temps, la migration d’athlètes vers plusieurs sports ne représenterait qu’une contamination spirituelle de notre sport une fois que ces athlètes reviendraient vers le judo, un sport dont l’esprit et les valeurs ont été acquises et transmises à travers les générations, depuis Jigoro Kano jusqu’à nos jours. Nous ne devons pas oublier l’histoire du Judo et les mérites de tous les héros et les légendes de notre sport.
Je considère la liberté comme étant une des valeurs suprêmes de l’humanité mais nous ne devrions pas oublier qu’avant la liberté, l’honneur et la loyauté sont des valeurs primaires de toute communauté au génération. Les principes et les valeurs de notre sport sont bien assez suffisants pour atteindre la perfection individuelle, aussi bien au niveau sportif qu’à celui plus formateur de la société.
Les valeurs de notre sport, associées à l’honneur et la loyauté envers le Judo signifient bien plus que quelques dollars pour lesquels nous pourrions vendre notre identité et que pour un visage ensanglanté inhumain que l’on peut voir sur les podiums d’autres sports qui n’ont jamais fait le moindre effort dans le domaine de l’éducation et dans le domaine de la formation sportive des athlètes impliqués.
Je peux vous assurer que les décisions de la FIJ servent toujours les intérêts de notre sport et de nos athlètes, et qu’elles préservent et développent continuellement les valeurs du Judo ainsi que le bien-être et l’intégrité de notre communauté.

Je considère que pour nous tous, le Judo est un vrai chemin dans la vie, dans le sport et dans la société.
Nous avons le devoir de conserver le judo fort et uni!

Amicalement,

Marius Vizer«