Ce serait le patron de l’acier japonais qui prendrait la relève à mi-temps

Shoji Muneoka, « chairman » de Nippon Steel & Sumitomo Metal Industries, futur président de la Fédération Japonaise de Judo / DR

Ce sera donc, selon toute probabilité cet homme-là : Shoji Muneoka, le patron de l’acier japonais, qui préside actuellement aux destinées de Nippon Steel & Sumitomo Metal Industries, deux énormes entreprises industrielles japonaises dans la production de l’acier, et gros sponsors du judo nippon, qui viennent de fusionner pour créer le second groupe mondial de production d’acier derrière Arcelor Mittal, sous la direction de Muneoka.
C’est lui qui a été appelé à la rescousse par la fédération japonaise de judo – par qui exactement ? Pour quelle politique et avec quels hommes (et femmes) pour la faire ? Il est trop tôt pour le dire – et il aurait donné son accord de principe. Le projet est de susciter rapidement une nouvelle réunion extraodinaire de l’exécutif fédéral pour inclure Muneoka, mais aussi une série de nouveaux membres au « board » fédéral, de façon à pouvoir présenter cette nouvelle équipe lors de l’assemblée élective fixée à la fin août. Elus, ces nouveaux membres exécutifs choisiraient Muneoka comme nouveau Président de la « Zenjuren », petit nom japonais de la « All Japan Judo Federation », la fédération nationale de judo japonaise.

La comission de de contrôle avait expressément suggéré un « businessman » comme prochain homme fort du judo pour restructurer comme il était nécessaire la fédération. On avait aussi relayé sur ce site l’appel de Yasuhiro Yamashita – un homme clé – allant dans ce sens. L’homme providentiel, ce serait donc lui, futur premier Président de la Zenjuren à ne pas être issu des rangs des champions japonais, ni proche de la famille Kano. Il a 67 ans et il est déjà Président de la Fédération du Judo d’Entreprise, un groupe puissant… mais aussi vice-Président de Keidanren, la Fédération du patronat japonais, le groupe de pression le plus fort du Japon. Un pompier plus gros que l’incendie à éteindre, ce qui fait réfléchir… Le judo japonais est sans doute désormais (en cas d’élection) dans des mains compétentes. Il est peut-être néanmoins dommage que, victime de son incapacité actuelle, la structure du judo japonais doive faire totalement allégeance au monde de l’entreprise, qui n’a peut-être pas forcément toutes les solutions, ni forcément celle qui conviennent à ce phénomène « culturel » complexe qu’est le judo. Si il est appelé pour faire ce que les judokas en charge n’ont pas su faire, tout le monde sera attentif à ce que ses recettes ne soient pas, à long terme, pire que la médiocrité du moment. Mais le monde du judo japonais ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il n’a plus tout à fait aujourd’hui les rênes de son destin en main : il fallait naviguer mieux pour éviter le naufrage.
Quoi qu’il en soit, le Japon a réagi à sa manière, et plutôt vite une fois la crise ouverte. Quelle va être la politique de Muneoka ? Qui seront les nouveaux barons de l’institution ? Sera-t-il intrusif ou non ? Révolutionnaire ou conservateur ? Est-il là pour faire le job ou au contraire le garant du maintien en l’état, la caution prestigieuse d’un exécutif qui cherche à se maintenir ? Est-il appeler à rester ou vient-il seulement rétablir les comptes et la réputation du judo ? À suivre, pour y voir plus clair. Mais, une chose est sûre et prête à l’optimisme : Shoji Muneoka n’est pas moins judoka que les anciens champions en poste à la fédération. Il fut capitaine de son Université de Tokyo à l’époque de ses études, ce qui atteste de son engagement dans l’entraînement et de son niveau. Il a su aussi conclure ses études de façon à devenir l’une des plus brillantes réussites professionnelles de sa génération – un parcours qui n’aurait pas déplu à Jigoro Kano. Par la suite, ce qui atteste de son intérêt constant pour le judo, il a sponsorisé l’une des plus grosses équipes d’entreprise, qui comptait Kosei Inoue il y a quelques années dans ses rangs, et aujourd’hui Masashi Nishiyama, médaillé de bronze à Londres. Il a sans doute quelques idées sur ce qu’il faudrait faire, et elles ne sont peut-être pas si mauvaises ?