Le modèle russe s’affirme

Le Russe Arsen Galstyan, champion olympique 2012 de judo en -60 kg / Emmanuel Charlot

Le champion olympique Arsen Galstyan ne fera pas les championnats du monde 2013 de judo à Rio, du 26 au 31 aout. Une information révélatrice du modèle de planification que met en place le responsable sportif du judo russe, l’Italien Ezio Gamba.

Le champion olympique russe Arsen Galstyan l’a annoncé il y a quelques heures : « J’ai parlé à mon entraîneur et il m’a annoncé que je ne ferai pas les championnats du monde de judo ». Blessé ? Pas le moins du monde : «  »Tout va bien. J’ai récupéré de mes blessures et je suis en pleine forme maintenant. Je me prépare pour le Masters qui a lieu à la fin du mois [25-26 mai]. La pause après Londres peut être considérée comme terminée. Nous avons repris l’entraînement plusieurs mois après les Jeux, mais nous préservions nos forces dans une certaine mesure en ne participant pas à tous les tournois. Nous sommes très à l’écoute de nos entraîneurs dans ce domaine. Mis à part les Masters à Tyumen, je vais aussi participer aux Universiades qui se tiendront à Kazan [en Russie, du 7 au 11 juillet] ».
Information intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord sur le plan factuel : nous ne verrons pas l’Orfèvre arménien en action à Rio. Le champion olympique des -60 kg ne viendra pas tenter de prendre le titre mondial, alors que, a-piori, il est prêt physiquement pour le faire.  C’est intéressant aussi sur ce que cela montre du modèle qui est en train de se construire du côté du judo russe. L’entraîneur en question ? Ezio Gamba bien sûr. Le maître transalpin, expert en planification, est en passe de construire un modèle nouveau avec son équipe russe et il en est désormais à la seconde phase. Dans l’olympiade précédente, l’équipe une – dont Arsen Galstyan – avait fait tous les championnats du monde, même si ils n’étaient préparés que pour les Jeux, l’équipe deux se chargeant d’un championnat d’Europe sur deux. Galstyan sera-t-il le seul à être au repos à Rio ? Il est probable que non. Cette fois, même les championnats du monde seront épargnés à cette équipe d’élite, désormais complétée par une équipe bis et même ter de niveau mondial. Il y a fort à parier que l’équipe de Rio ressemblera à celle qui vient de faire les championnats d’Europe, un groupe emmené par les « déçus de Londres », le -90 kg Kirill Denisov en tête, mais aussi Musa Mogushkov (désormais en -73 kg), battu au premier tour alors qu’il était favori de la catégorie des -66 kg.

Ménager les vainqueurs de Londres jusqu’ à Rio 2016

Le ménager, y compris en le privant des championnats du monde, c’est sans doute la condition pour permettre au danseur Galstyan d’aller jusqu’à Rio, en 2016, pour les Jeux cette fois et sans doute une bonne part de l’équipe de Londres. Mais c’est aussi un changement radical des « valeurs », du modèle classique de notre discipline, où, d’habitude, le meilleur combattant défend non seulement les couleurs nationales, mais aussi son propre destin dans les grands championnats. Un changement sans doute dû à l’hyper exigence du circuit actuel. Car même si Gastyan ne va pas aux championnats du monde en août, il doit défendre son statut au Master en mai et aux Universiades en juillet – deux événements qui ont lieu en Russie, ce n’est pas un hasard. Un changement dû aussi à la fréquence désormais annuel des championnats du monde. L’année prochaine, Gastyan sera peut-être – sans doute – de retour pour les championnats du monde 2014… qui auront lieu à Chelyabinsk en Russie. Un changement enfin dû à l’ambition et à la précision du projet russe emmené par le leader italien Gamba. Il s’agit désormais de planifier sur quatre ans, mais aussi sur deux, voire trois équipes à peu près sur le même plan, qui ont chacune leurs objectifs. Une ambition qui tient aussi beaucoup sur la confiance exceptionnelle obtenue par le magicien italien qui a su convaincre tout le milieu, les athlètes, mais aussi leurs entraîneurs, qu’il fallait partager pour mieux gagner.