10:44
01 fév
L'affaire des juniors français au Japon
L'info couvait sous la cendre depuis quelques jours, et c'est finalement RMC qui a dévoilé l'affaire au grand public : les juniors masculins français en stage au Japon ont vu leur séjour s'arrêter brusquement. Les treize garçons sur place ont été pris en flagrant délit de vol dans un magasin de sport à Tokyo. Arrêtés par la police, ils sont finalement de retour en France. La rumeur bruisse dans tous les sens. Dans sa version la plus dramatique, les jeune gens ont été jugés et expulsés du Japon, pays dans lequel ils auront donc bien du mal à retourner et la Fédération japonaise furieuse ne veut plus entendre parler des Français, y compris au prochain Grand Chelem de Tokyo. Contactée par nos confrères, la Fédération minimise. D'abord par un communiqué si sibyllin qu'il en est troublant : "La Fédération Française de Judo a pris la décision d'écourter le stage de l'Équipe de France Juniors qui se déroulait au Japon et ce à la suite d'un incident qui a été réglé sur place avec l'aide de la Fédération Japonaise de Judo qui entretient d'excellentes relations avec la FFJDA". À RMC, le DTN Senaud répond que "aucune
plainte n’a été déposée, tout a été remboursé. On a
immédiatement voulu clore cette affaire en les faisant rentrer pour
marquer le coup". Du retour à Paris en tout cas, l'affaire n'a pas été sous-estimée et les fautifs ont été dûment interrogés par des membres de la fédération et passeront en conseil de discipline.
Quelle que soit l'ampleur que prenne cette affaire - et souhaitons qu'elle soit modeste et que ni ces jeunes athlètes ni notre réputation n'aient à payer trop cher le prix de leur bêtise - elle doit être surtout l'occasion d'une réflexion de fond. Le silence des responsables fédéraux et des responsables de club concernés, compréhensible et fait surtout pour protéger les jeunes incriminés, n'est pas forcément la meilleure attitude dans cette affaire car ce n'est malheureusement pas la première fois que le judo français est confronté à la question et il serait bon qu'il prenne globalement conscience du problème. On peut rappeler pour mémoire la "main dans le sac" de deux internationaux français il y a quelques années, mais au-delà de ces cas spectaculaires, en "off" d'anciens athlètes concernés par ce genre de stage expliquent comment le vol au Japon est une tentation pour toutes les générations de nos jeunes ressortissants. La raison est à chercher du côté de des différences sociaux-culturelles, le Japon étant un pays où les codes de comportement sont extrêmement stricts et le vol dans un magasin une activité quasiment impensable. Pas de vigile, pas de sécurité, une confiance complète faite au client. Dès lors, certains en profitent et, la dynamique de groupe aidant, les autres en viennent à se demander pourquoi ils continuent à payer le prix affiché alors que cela semble si facile de ne pas le faire.
C'est donc à la fédération de prendre à bras le corps le problème, non seulement en expliquant clairement à ces jeunes gens à quel point il est immoral de profiter de cette confiance pour faire des choses qu'on ne ferait pas en France et à quel point il est irresponsable de mettre à mal l'image de tout un pays (sans même parler de l'image du judo français aux yeux du grand public) quand on a l'honneur d'en être le représentant... mais aussi en comprenant le fond du problème et en faisant en sorte que cela ne se reproduise jamais. La première des choses étant peut-être de ne pas envoyer une équipe de jeunes avec un seul entraîneur sur place. Si, comme on l'entend parfois, c'est un "phénomène de génération", l'explication ne peut pas suffire. Le judo peut difficilement assumer sans réagir (ou juste en espérant que personne n'en parle) d'être mis au même plan, dans le même grand sac du mépris, que les footballeurs ou récemment les handballeurs. Ce serait injuste et insupportable. Quant au Japon, il ne sera pas non plus un partenaire toujours aussi conciliant. Sur ce coup-là, des sources bien informées annoncent que la Fédération japonaise, ainsi que l'université Kokushikan qui recevait les Français, étaient vraiment très mécontents. Et si, effectivement, il est peu probable que le judo japonais se passe durablement du judo français, la montée en puissance de nos échanges depuis les années 70 - et en particulier des nombreux déplacements français au Japon - laisse des traces qui commencent à fatiguer la rigueur et le sens de l'étiquette à la japonaise. Interrogé, un judoka japonais proche de la fédération japonaise nous explique que cette histoire viendra s'ajouter à celles du même genre qu'il a déjà entendues. Par exemple à Tenri, le célèbre centre d'hébergement de la Tenrikyo s'est plaint de mauvais comportements d'une équipe française et à l'université de Kobe, on est désormais réticent à laisser venir des clubs français depuis que cela s'est terminé avec la police avec un précédent. Si la France veut continuer à aller profiter du Japon et de son judo, il serait bon qu'elle ne prenne pas trop souvent sa politesse proverbiale pour une autorisation à se "lâcher" comme en terrain conquis.
Que cette histoire navrante soit au moins l'occasion de le rappeler.
Quelle que soit l'ampleur que prenne cette affaire - et souhaitons qu'elle soit modeste et que ni ces jeunes athlètes ni notre réputation n'aient à payer trop cher le prix de leur bêtise - elle doit être surtout l'occasion d'une réflexion de fond. Le silence des responsables fédéraux et des responsables de club concernés, compréhensible et fait surtout pour protéger les jeunes incriminés, n'est pas forcément la meilleure attitude dans cette affaire car ce n'est malheureusement pas la première fois que le judo français est confronté à la question et il serait bon qu'il prenne globalement conscience du problème. On peut rappeler pour mémoire la "main dans le sac" de deux internationaux français il y a quelques années, mais au-delà de ces cas spectaculaires, en "off" d'anciens athlètes concernés par ce genre de stage expliquent comment le vol au Japon est une tentation pour toutes les générations de nos jeunes ressortissants. La raison est à chercher du côté de des différences sociaux-culturelles, le Japon étant un pays où les codes de comportement sont extrêmement stricts et le vol dans un magasin une activité quasiment impensable. Pas de vigile, pas de sécurité, une confiance complète faite au client. Dès lors, certains en profitent et, la dynamique de groupe aidant, les autres en viennent à se demander pourquoi ils continuent à payer le prix affiché alors que cela semble si facile de ne pas le faire.
C'est donc à la fédération de prendre à bras le corps le problème, non seulement en expliquant clairement à ces jeunes gens à quel point il est immoral de profiter de cette confiance pour faire des choses qu'on ne ferait pas en France et à quel point il est irresponsable de mettre à mal l'image de tout un pays (sans même parler de l'image du judo français aux yeux du grand public) quand on a l'honneur d'en être le représentant... mais aussi en comprenant le fond du problème et en faisant en sorte que cela ne se reproduise jamais. La première des choses étant peut-être de ne pas envoyer une équipe de jeunes avec un seul entraîneur sur place. Si, comme on l'entend parfois, c'est un "phénomène de génération", l'explication ne peut pas suffire. Le judo peut difficilement assumer sans réagir (ou juste en espérant que personne n'en parle) d'être mis au même plan, dans le même grand sac du mépris, que les footballeurs ou récemment les handballeurs. Ce serait injuste et insupportable. Quant au Japon, il ne sera pas non plus un partenaire toujours aussi conciliant. Sur ce coup-là, des sources bien informées annoncent que la Fédération japonaise, ainsi que l'université Kokushikan qui recevait les Français, étaient vraiment très mécontents. Et si, effectivement, il est peu probable que le judo japonais se passe durablement du judo français, la montée en puissance de nos échanges depuis les années 70 - et en particulier des nombreux déplacements français au Japon - laisse des traces qui commencent à fatiguer la rigueur et le sens de l'étiquette à la japonaise. Interrogé, un judoka japonais proche de la fédération japonaise nous explique que cette histoire viendra s'ajouter à celles du même genre qu'il a déjà entendues. Par exemple à Tenri, le célèbre centre d'hébergement de la Tenrikyo s'est plaint de mauvais comportements d'une équipe française et à l'université de Kobe, on est désormais réticent à laisser venir des clubs français depuis que cela s'est terminé avec la police avec un précédent. Si la France veut continuer à aller profiter du Japon et de son judo, il serait bon qu'elle ne prenne pas trop souvent sa politesse proverbiale pour une autorisation à se "lâcher" comme en terrain conquis.
Que cette histoire navrante soit au moins l'occasion de le rappeler.
Les autres actualités similaires
-
9:09 30 jan
Benjamin Téoule en route pour Londres
Voir + -
1:04 28 jan
Les sélections japonaises
Voir + -
21:13 27 jan
Gévrise Emane à l'honneur sur France Info
Voir + -
15:42 26 jan
Tölzer a un plan pour battre Riner !
Voir + -
15:02 26 jan
La réaction de Clarisse Agbegnenou
Voir + -
14:57 26 jan
Un membre de l'EDJ sur les tapis
Voir + -
13:51 26 jan
Communiqué du club de Clarisse Agbegnenou
Voir + -
15:27 24 jan
Grou remplace Bonna
Voir + -
9:58 24 jan
Les Japonais pour Paris
Voir + -
20:17 23 jan
Et maintenant Bonna
Voir + -
18:40 19 jan
Paris, Clarisse Agbegnenou sanctionnée
Voir + -
11:56 19 jan
Akimoto absent 3 mois !
Voir + -
18:31 18 jan
Paris, les dernières sélectionnées
Voir + -
14:16 18 jan
Emane forfait… et Agbegnenou sanctionnée ?
Voir + -
10:27 18 jan
Asami, blessée
Voir +