La médaillée mondiale cubaine a choisi l’exil

À 24 ans, María Celia Laborde a choisi de quitter Cuba
©Anthony Diao/L’Esprit du judo

La rumeur courait depuis quelques semaines. Elle nous a été confirmée par plusieurs sources en ces journées de championnat national à Cuba. María Celia Laborde, 3e des derniers Championnats du monde en -48 kg, a pris la tangente à l’automne dernier en compagnie de ses compatriotes masculins Leonardo Meriño (-55 kg) et Javier Peña, 3e des Championnats panaméricains 2014 et animateur remarqué de la catégorie des -60 kg en août dernier à Chelyabinsk. La triple défection se serait produite fin novembre au Mexique, au lendemain des Jeux d’Amérique centrale et de la Caraïbe de Veracruz où les trois combattants avaient remporté l’or dans leurs catégories respectives.

En choisissant l’exil, celle qui était n°4 mondiale en septembre dernier rejoint à 24 ans la trajectoire de son aînée Danieska Carrión, médaillée mondiale des -48 kg en 2001 et 2003 puis portée disparue des radars occidentaux jusqu’en 2007 et un reportage à Atlanta, Géorgie, où elle fut aperçue coachant un jeune espoir du judo US nommé Ronda Rousey [cf. EDJ12]. Elle rejoint surtout son homonyme Yurisel Laborde, championne du monde 2005 et 2007 des -78 kg, évanouie dans la nature à 28 ans le 12 mai 2008, au lendemain d’une victoire aux Championnats panaméricains de Miami et à trois mois d’un titre olympique qui lui tendait les bras. Désormais maman de deux enfants, l’ancienne championne aujourd’hui âgée de 35 ans nous avait accordé à l’époque un entretien en deux temps [cf. EDJ15] dont nous reproduisons ici l’épilogue.

EPILOGUE – Par quatre mails datés des 13, 22 et 23 mai et 18 juin 2008, Yurisel Laborde a redonné signe de vie. Si elle refuse de lever un coin de voile sur les raisons de son geste, elle en mesure toutefois pleinement l’impact à court et moyen terme. Extraits de deux de ses mails : « Pour le moment je te dirais que je suis bien. Un peu triste mais ça me passera. Comme tu le vois je ne peux plus participer à ce que le sport a de plus beau et c’est cela qui me fait le plus souffrir…  Mais personne ne peut comprendre pourquoi je l’ai fait. Je veux juste que tu saches que cela n’a rien à voir avec la politique… Mon objectif aujourd’hui est de devenir un grand entraîneur. Je veux continuer dans le judo, et si ce n’est pas comme combattante, ce sera comme entraîneur… Mes partenaires de l’équipe nationale cubaine me manquent beaucoup, au moins autant que la compétition… Je pense que je suis en train de vivre une seconde naissance. Tout ici est très différent de ce que j’ai connu à Cuba, mais qu’importe, j’assume ma décision. Toute personne rêve d’un futur meilleur, et c’est aussi mon cas. Je sais que ce futur aurait été différent si j’étais restée à Cuba.«