L’analyse complète de la compétition

Bilan des équipes : La revanche des Japonaises

Les Japonaises, solidaires, ont battu les Brésiliennes en finale des championnats du monde de judo par équipes 2013 et conservent leur titre / Emmanuel Charlot – EDJ

Aux championnats du monde de judo par équipes 2013, à Rio, l’équipe masculine française est éliminée d’entrée par les Géorgiens, futurs vainqueurs. Les féminines sont battues par les Brésiliennes mais arrachent la médaille de bronze aux Néerlandaises. Le titre féminin est emporté par les Japonaises devant les Brésiliennes. Les Géorgiens battent les Russes en finale masculine.

À quelques shidos près, on aurait pu titrer ce papier, « la revanche des vaincus ». En effet, c’est une belle consolation que se sont offertes des Japonaises bien piètres dans la compétition individuelle : un titre mondial par équipes face à des Brésiliennes bien décidées à parachever leur flatteuse première place au classement des nations chez les féminines. Déterminées, avec un public juvénile en délire derrière elles, et emmenées par une Rafaela Silva toute auréolée de son titre de championne du monde, la « team » brésilienne commence à être vraiment impressionnante, comme avaient pu le vérifier les Françaises, battues sur le fil (voir les détails par ailleurs). Mais les Japonaises ont su faire groupe en s’encourageant par de vibrants « ganbate ! » et affirmer leur supériorité technique.

Russie, le problème géorgien
Grands vaincus des championnats individuels, les Russes semblaient en passe de faire de même chez les garçons. Efficaces toute la journée, ils menaient 2-0 en finale face aux redoutables Géorgiens, grâce à Gadanov, vainqueur du champion olympique Shavduatashvili, et Kodzokov, auteur d’un magnifique uchi-mata ken-ken sur Kevkishvili. Le titre paraissait déjà dans la poche russe et Ezio Gamba, assis au milieu de ses athlètes, aurait eu une belle récompense à ramener de Rio. Mais les Géorgiens ne lâchent jamais rien, surtout face aux Russes, et à coups de shido, Tchrikrishvili (face à Magomedov), Liparteliani (face à Denisov), et Okroashvili (face à Mikhayline), refaisaient le retard et triomphaient finalement, au grand dépit de l’équipe russe qui aura beaucoup perdu à Rio, et notamment son titre de champion du monde par équipes, obtenu en octobre 2012 à Salvador de Bahia. Un tenant du titre tombe en finale, l’autre confirme, car les Japonaises avaient gagné elles aussi au Brésil en 2012. Gamba repart avec peut-être quelques doutes, même si le manque d’investissement russe sur cette compétition était évident. Denisov battu deux fois par Liparteliani, Nifontov battu par Tchrikrishvili, Mikhayline battu par Okroashvili, l’équipe qui perd son titre face aux Géorgiens… l’accumulation commence à être agaçante pour le maestro.

Les Français en avaient sous le pied
Pour les Français, la compétition est frustrante. On sentait l’équipe masculine solidaire et forte. Elle avait récupéré un Larose performant – vainqueur lui aussi de Shavduatashvili – Teddy Riner poussait les troupes et aurait pu faire basculer tous les points décisifs en faveur de la France… mais les Géorgiens en hors d’œuvre, c’est tout de même indigeste. Ils étaient au-dessus, toujours plus forts, plus concentrés et performants en équipe que toutes les autres nations quand la fatigue des championnats individuels pèse sur les corps et les esprits. Quant aux féminines françaises, elles vont s’en vouloir. Malgré l’entrée des « jeunesses » Duport et Receveaux, qui perdent leur combat, elles auraient dû passer les Brésiliennes, Lucie Louette avait manifestement la solution tactique pour dominer Altheman dans le combat final, après le beau retour de Clarisse Agbegnenou et de Gévrise Emane, très fortes l’une et l’autre. Tel qu’il était là, ce groupe était taillé pour tenter sa chance en finale contre les combattantes japonaises.

Le Japon finalement
Le Japon ajoute aujourd’hui à sa moisson en individuels une médaille d’or et une médaille de bronze en équipe. À quatre – le -90 kg Nishiyama étant blessé au genou et aucun remplaçant n’ayant été prévu – avec un lourd à éclipse, les masculins japonais sauvent le bronze. Au moins l’occasion de revoir en action l’extraordinaire -73 kg Shohei Ono, étincelant une nouvelle fois. Le Japon repart avec beaucoup de travail, mais aussi quelques très belles assurances et une première place confortable au classement des nations. De quoi être serein, malgré les manques affichés et la nouvelle déroute des féminines.

Le Brésil prend ses marques
Quant au Brésil, le pays hôte, en équipes comme en individuels, les garçons ont assez largement failli, ce qui empêche le groupe de réussir un championnat du monde historique. Mais les féminines se sont montrés à la hauteur des grandes nations pour la première fois de leur histoire. L’argent des Brésiliennes indique la montée en puissance d’un groupe jeune et qui ne cesse de s’étoffer. Elles reviendront encore plus fortes.

Retrouvez ci-dessous les tableaux finaux des deux tournois par équipes.
original-original-tableau_final_CM_par_équipes

Bilan de la 6eme journée : Teddy Riner puissance six

Et de six ! Teddy Riner engrange les titres de champion du monde de judo / Emmanuel Charlot – EDJ

On peut imaginer que dans un futur proche, Teddy Riner n’aura plus assez de doigts pour faire la belle image devant les photographes. Pour l’instant c’est encore facile, il est rendu à son sixième titre mondial d’affilée – ce qui est un record (chez les hommes car la Japonaise Tamura-Tani en a gagné sept avec deux ans d’écart à chaque fois, plus deux titres olympiques). Même si ce cette série n’est pas comparable avec ce qui s’est fait par le passé, avec des championnats du monde chaque année et des toutes catégories surnuméraires, Teddy Riner s’empare de (presque) tous les titres mondiaux depuis 2007, six ans déjà, ce qui est une belle référence.
On ne peut pas vraiment dire qu’il y a eu du suspens pour sa sixième levée, le meilleur poids lourds de la planète a juste été impeccable, projetant tous ses adversaires par ippon sauf le premier, par manque de temps, il avait été disqualifié avant. C’est peu dire qu’il a une nouvelle fois broyé la concurrence. Il est le plus fort et les autres lourds n’aiment pas ça. Ils n’aiment surtout pas le constater à leurs dépends. Alors ils s’éclipsent sur la pointe des pieds pendant le combat, où même avant, en se faisant sortir, comme le Japonais Shichinohe (par le Brésilien Silva) ou Alexander Mikhaylin, le plus cabochard de tous, dont on sent qu’il aimerait bien, mais qu’il ne peut pas. Finalement cinquième à la fin de la journée, le Russe devra penser à changer de tactique. Sa bagarre sur les mains, opiniâtre, mais ennuyeuse à suivre et trop lente, lui vaut d’être systématiquement plus pénalisé que ses adversaires. Cinquième, battu par le Géorgien Okroashvili et, pour le bronze, par l’Allemand Toelzer (encore plus ennuyeux que lui, mais pénalisé une fois de moins), il a sans doute perdu à Rio l’illusion d’être celui qui allait bientôt battre Riner.
Teddy Riner a pris ceux qui venaient : Un Tadjik au nom imprononçable (son prénom, déjà, c’est Mukhamadmurod), un jeune Biélorusse, puis le Cubain Oscar Brayson, puis le Géorgien Okroashvili, et enfin le Brésilien Silva en finale. À chaque fois, ils sont montés sur le tapis la tête basse et il les a jeté au sol comme des sacs, sur des uchi-mata à peine finis et de très lourds o-soto-gari. Une supériorité aussi énorme en est presque gênante, au point que le Français, bon gars, s’excusait d’avoir battu le Brésilien chez lui. « Si j’avais été devant ma télévision, j’aurais été pour lui ». Etre tellement fort qu’il faille un peu s’en faire pardonner, c’est le destin de Teddy Riner.
Encore une fois, aucun prétendant ne s’est présenté. Demain Toelzer et peut-être Mikhaylin vont lâcher le kimono. On pensait au Géorgien, au Japonais, peut-être au colossal Silva dans le rôle, mais ils n’ont pas bougé un cil. Dans ces conditions, Riner peut dormir tranquille pendant encore une olympiade ou deux. Chez les lourds à vrai dire, hors de la prestation du champion français, un seul combattant est sorti du lot : l’étonnant Tunisien Jaballah, qui surgit des repêchages pour s’emparer du bronze en plaquant sur le dos le Japonais Shichinohe et le champion d’Europe géorgien Okroashvili ! C’est déjà lui qui avait eu l’heureuse outrecuidance de porter la seule attaque dangereuse subie par Teddy Riner aux Jeux de Londres. Décidément, ce Jaballah, 25 ans, est un judoka à suivre.

Des occasions gâchées
Si l’or de Riner était prévu, le clan français espérait bien aujourd’hui une euphorie à la façon de jeudi, et comptait sur les sérieux outsiders du jour pour faire monter une belle mayonnaise tricolore. Avec ses beaux résultats en tournoi, Cyrille Maret en -100 kg faisait même un potentiel « Pietri bis » crédible. Mais s’il était rigoureux et engagé, il était aussi un ton en dessous dans ses attaques, pas tout à fait assez présent, assez fort et volontaire pour échapper à la surprise ouzbek Soyib Kourbanov. Et en repêchages, il tombait sur le Japonais Ono, qu’il avait su battre à Dusseldorf, mais qui parvenait cette fois à marquer. Takeshi Ono, ancien -81 kg médaillé mondial, puis médaillé mondial en -90 kg, passe finalement à côté de sa légende personnelle en chutant pour le bronze face au terrible Tchèque Krpalek. En finale, le Néerlandais Grol, n°1 mondial, qui avait renversé le combat contre le Tchèque dans les dernières secondes, s’enferrait sur le n°2, le « pieu » azéri Mammadov, un combattant d’une étonnante puissance dans ses attaques. Grol le maudit perd sa troisième finale mondiale (et deux demi-finales olympiques), Mammadov pleurait joliment son premier titre.
Pour ajouter à l’escarcelle française, tout le monde était tourné vers la volontaire Emilie Andéol, qui avait mérité le droit depuis un an d’être considérée comme l’une des favorites, et bénéficiait d’un bon tirage dans une catégorie inhabituellement faible, en l’absence d’une Chinoise, mais aussi d’une Russe et d’une Allemande à la hauteur de la tradition. Mais elle ratait un premier coche en demi-finale en cédant d’une pénalité récoltée en début de combat devant la Brésilienne Altheman (qu’elle avait pourtant battue en tournoi) et se faisait prendre dans une attaque assez molle de la Coréenne Lee Jung Eun, 11e mondiale, championne d’Asie tout de même, mais logiquement à la portée d’une 6e mondiale – le classement de la Française. Dommage. La Corée est satisfaite d’emporter sa première médaille féminine depuis 2009, sa troisième en dix ans, mais Andeol, très déçue, avait bien conscience d’avoir laissé échapper une occasion en or de gagner l’argent ou le bronze.

La France, deuxième hélas
Voilà. C’est fini, comme dit la chanson. En tout cas pour ce qui concerne les championnats du monde individuels. Le Japon, subit aujourd’hui l’humiliation de son poids lourds, la défaite honorable, mais sans médaille, de son -100 kg et ajoute une dernière médaille féminine, mais en bronze. Comme les autres, Megumi Tachimoto, pourtant favorite, a été en dessous de son niveau habituel… et les féminines japonaises se retrouvent neuvième au classement des nations. Mais fort de ses trois victoires masculines des trois premiers jours, le Japon garde le leadership des nations.
La France termine a une très belle deuxième place, avec un champion du monde tout neuf, devant Cuba et ses deux médailles d’or (hier Asley Gonzales, aujourd’hui Idalys Ortiz qui emporte le titre mondial +78 kg après les Jeux de Londres, à 23 ans), qui coiffe le Brésil et ses trois finales perdues pour une seule gagnée. Il aurait fallu au Brésil faire deux médailles d’or aujourd’hui, elles sont en argent. Il aurait fallu à la France convertir l’une de ses médailles d’argent – Clarisse Agbegnenou (-63 kg) ou Ugo Legrand (-73 kg) – pour être à la hauteur du Japon. Il aurait fallu que l’équipe de France féminine soit un peu plus performante (la France est huitième nation seulement chez les féminines !) pour espérer finir devant les autres. Avec quelques si, on mettait Rio en bouteille.

Bilan de la 5eme journée : L’or perdu des Français

Lucie Décosse dans son dernier combat / Emmanuel Charlot – EDJ

Vendredi, journée amère à Rio. Malgré la médaille de bronze d’Audrey Tcheumeo en -78 kg, la France passe à côté d’une grande histoire. Lucie Décosse, Audrey Tcheumeo, Lucie Louette… et à la fin, il ne reste rien, ou presque, sinon le sourire malheureux d’Audrey avec la mauvaise médaille à la main.
On n’oublie pas Ludovic Gobert, qui avait su mériter sa place ici. Mais après un premier tour à sa main, ce n’est pas lui faire injure que dire que le Géorgien Liparteliani était au-dessus. Au dessus de la plupart en fait, l’un des hommes forts du jour, annoncé comme un favori dans l’une des plus grosses catégories du moment.
Pour la France, tout devait donc venir des filles. Mais leur destin avait décidé pour chacune une fin de partie différente. Lucie Louette fut la première à subir la foudre. Alors qu’elle lutte sans faiblir contre la dangereuse Cubaine Antomarchi, l’œil arbitral décide soudain de la sortir du jeu. La raison ? Elle a défendu sur une attaque en engageant son bras entre les jambes de la Cubaine. Interdit de toucher… hansokumake. « C’est la règle » explique un peu contrit le responsable de l’arbitrage à Christophe Massina l’entraîneur.

Lucie Décosse, les adieux aux larmes
En -70 kg, on comprend rapidement que Lucie Décosse ne planera pas aujourd’hui. Au contraire, c’est à contre-courant qu’elle nage, se forçant en permanence à se réveiller par des petits pas de danse, en difficulté sur les mains, s’obligeant à attaquer, y compris sur des techniques qu’elle ne fait jamais. Elle est menée aux pénalités par la Franco-Marocaine Asmaa Niang, par l’Allemande Marzok. Mais à chaque fois, les vieux restes de la magie Lucie font encore effet, ippon sur l’une et sur l’autre. Alors on commence à se dire que c’est possible… Il faudrait battre en quart l’ancienne championne du monde 2009, la Colombienne Alvear, qui avait fait dix secondes au championnat du monde à Paris contre Lucie et qui vient tout juste d’avoir un mal fou à se débarrasser d’une Péruvienne, Maria Perez, qui lui a mis trois yuko avant de se faire contrer à dix secondes du terme. Ensuite, la Coréenne Hwang, que Lucie a battu à Londres… et, grande nouvelle, la rivale, la Néerlandaise Kim Polling, de retour de blessure, s’est fait surprendre par la vivace Coréenne Kim Seongyeon. Mais les espoirs sont vite douchés. En fait, Lucie ne peut pas. Trois pénalités plus tard, et un yuko sur makikomi, la Française s’est rendue à la Colombienne et à l’évidence. La suite est un émouvant calvaire. Sans ses moyens habituels, Décosse lutte contre le courant, les yeux dans le vide, se fait violence comme rarement, parvient au bout d’un long golden score de près de neuf minutes à projeter pour ippon la Brésilienne Portela qui se jette sur elle à chaque reprise de garde. La médaille de bronze ? Même pas. La Coréenne Kim se glisse trop vite en dessous et pour une fois Lucie bascule. Un yuko qu’elle ne pourra remonter. Une fin de parcours triste et belle pour la plus grande championne française du judo. Lucie Décosse voulait sans doute se prouver que c’était bien fini. Cette fois c’est fait. Une larme dans l’œil, elle prend le temps de savourer cette amertume et la nostalgie qui commence maintenant. L’arbitre lui laisse le temps de cette brève méditation au cœur de l’arène bruyante. Un peu plus loin, alors qu’elle sort doucement de la salle et du judo, une fan en pleurs se jette dans ses bras, c’est Ayumi Tanimoto, la double championne olympique japonaise, son unique rivale, qui est là pour pleurer cet adieu aux armes. Au revoir Lucie, et merci pour tout.

Audrey, la plus forte
La plus forte des -78 aujourd’hui, c’est Audrey Tcheumeo. Avec ses grands décalages, ses techniques de jambe et sa garde écrasante, elle domine et fait valser les corps fragiles de ses adversaires. Blessée, elle gère, ne cherche pas forcément le ippon, mais l’avantage suffisant ou le décalage des pénalités qu’elle obtient sans problème. C’est son jour, une nouvelle fois, d’autant que les Japonaises sont pâles, la Chinoise transparente, l’Américaine absente et que même la Brésilienne Aguiar ne semble pas à son meilleur niveau, ce dont va profiter une championne du monde 2009 elle aussi, la Néerlandaise Verkerk pour se glisser en finale.
La Chinoise Liu battue au premier tour, il faut passer la Canadienne Roberge. Rien de très compliquée pour Tcheumeo qui gère aux pénalités. Elle attaque une nouvelle fois en bordure, sûre de sa tactique, fait perdre l’équilibre à la Canadienne, s’enroule dans le mouvement… et se retrouve fixée au sol ! Une boulette grosse comme un immeuble de cinq étages. Il n’y a rien qui puisse la sauver de cette évidence, elle vient de perdre ce combat, laissant « son » championnat du monde à quelqu’un d’autre. Ce sera la petite Coréenne du Nord Sol Kyong, 7e des Universiades en juillet. Trapue et vaillante, forte d’un seoi inversé efficace elle se fait le tableau de chasse du jour : l’Allemande Thiele, la Hongroise Joo, la Japonaise Sato, la Canadienne Roberge et, en finale, la Néerlandaise Verkerk, alors qu’elle est menée, grâce à son seoi. Ses transports de joie font plaisir à voir. Désabusée, mais solide au poste, Audrey Tcheumeo va chercher le bronze, une belle récompense… Mais aujourd’hui, elle aurait dû être championne du monde pour la seconde fois.

Colombie, Cuba en or
L’Amérique du Sud refait surface, mais ce n’est pas le Brésil qui en profite. Alvear termine sa journée en trombe, découpant l’Allemande Vargas-Koch en tranche dans le dernier combat. La Colombie, grâce à elle, est médaillée d’or pour la seconde fois. Et chez les garçons, le bras de fer des quatre mousquetaires tourne en faveur du sémillant cubain Asley Gonzales. Alors que le Russe Denisov se fait surprendre par les mouvements de hanche du Géorgien Liparteliani, Gonzales signe un premier exploit en sortant des bras d’acier du colosse Iliadis par un yuko au golden score. Il en signe un second en finale en maîtrisant Liparteliani. Troisième en 2011, vice champion olympique, le Cubain Asley Gonzales, en or à Rio, vient de prendre une nouvelle dimension.

Les grandes nations leaders ont été timides aujourd’hui. La France et le Brésil pouvaient frapper fort, ils ramènent un trophée en bronze chacun. Le Japonais Nishiyama se fait surprendre par une clé, les deux féminines nippones ne se montrent pas à la hauteur, mais le Japon reste en tête en profitant de ce statu-quo. Avec ses six médailles, dont trois d’or, il sera difficile désormais d’aller détrôner le Pays du Soleil Levant. Il faudrait pour cela que la France où le Brésil, emporte deux titres demain. Possible, mais difficile…

Bilan de la 4eme journée : Loïc Pietri champion !

Loic Pietri en or, Alain Schmitt en bronze, les deux héros du jour en -81 kg / Emmanuel Charlot – EDJ

La France avait aujourd’hui joué son joker, en doublant les engagés dans les deux catégories du jour. C’était bien vu ! La championne du monde en titre en -63 kg Gévrise Emane obtient une médaille de bronze, Clarisse Agbegnenou l’argent. Chez les garçons en -81 kg, Alain Schmitt est enfin récompensé par une médaille de bronze mondial, tandis que Loic Pietri réussit l’exploit de prendre le titre. Champion du monde ! Si on excepte le grand Teddy Riner, « hors concours », Le dernier champion du monde français était… Frédéric Demontfaucon en 2001, douze ans déjà.

Ce sont les jeunes qui ont donné le « la » aujourd’hui. Tandis que Gévrise avançait en mode courage et lucidité, mais sans le brio de ses meilleurs moments, qu’Alain Schmitt accumulait les combats au couteau sur les mains face à des durs au mal – dont le médaillé olympique canadien Valois-Fortier – sans pouvoir sortir ses seoi-nage de virtuose, Clarisse Agbegnenou planait sur les eaux en satellisant toutes ses adversaires et Loic Pietri se montrait intenable, variant les seoi-nage à genoux avec des « seoi-nage inversés à la coréenne » extrêmement efficaces, attaquant en reprise de garde et marquant avant l’adversaire, et pas des moindres : un champion d’Asie pour ouvrir, le n°1 mondial Victor Penalber devant son public, privé de son rêve par un seoi-nage foudroyant, le Russe Vorobev, qui finira sur la troisième marche du podium, bien aidé par le forfait de Nifontov, déçu de sa défaite en demi-finale contre le jeune Géorgien champion d’Europe Tchrikishvili.

Deux duels européens
C’est le Géorgien qui battait Alain Schmitt, très vite pénalisé, et Clarisse elle-même qui se chargeait de démontrer la passation de pouvoir en enroulant Gévrise Emane pour ippon. Rejetés vers le bronze, les deux « anciens » allaient être à la hauteur de la journée en plantant une dernière belle banderille pour finir en beauté. Le décor était planté pour un double grnad moment. Les Asiatiques et les Américains sortis du jeu rapidement, les deux meilleurs européens dans la catégorie allaient se rencontrer pour le titre, avec à chaque fois un Français dans le coup. Face à Clarisse Agebegnenou, c’était l’Israélienne Gerbi, la fille qui monte (et même très haut puisqu’elle venait de prendre la place de n°1 mondiale), mais que la Française avait surclassé en finale du tournoi de Dusseldorf. Face à Loic Pietri c’était le champion d’Europe géorgien Avtandil Tchrikishvili, lequel en revanche, restait sur une nette victoire contre lui dans le même tournoi. Dans les deux cas, les meilleurs du jour, Gerbi faisant aussi forte impression que la Française et le Géorgien affichant une autorité de champion du monde auto-désigné.

Gerbi, une première
Clarisse Agbegnenou étiat favorite… mais la chute fut violente. L’Israélienne, très sûre d’elle, lançait très vite son mouvement de hanche et déroulait la Française ! Yuko, à la surprise générale. Le reste était pire. Elle plaçait en enchaînant son étranglement diaboliquement simple qui avait déjà fait céder en demi-finale la Japonaise Abe : enroulement d’un pan de sa propre veste autour du cou de sa future victime à plat ventre avant de pousser sur la tête avec sa cuisse et sa main en renfort. Effet garanti. La pauvre Clarisse mit plusieurs minutes à sortir du sombre trou noir dans lequel elle était tombée. Yarden Gerbi devient la première championne du monde de judo pour Israël. Deux amies qui s’embrassent sur un podium mondial, c’est beau. Mais la jeune Française regrettera sans doute toute sa vie de ne pas avoir été celle qui console.
Loic Pietri se faisait marquer rapidement le yuko généralement fatidique. Très sûr, très puissant et stable, le Géorgien contrait habilement l’un de ses seoi-nage. Le scénario semblait se fixer dans une distribution des rôles déplaisante. Le patron c’était Tchrikishvili… mais pas longtemps. Pietri l’enroulait pour waza-ari avec son « seoi coréen » (à deux mains sur le même revers et à l’envers) et tout était modifié. Le Géorgien faisait pression et usait les dernières forces du Français, mais celui-ci ne cédait pas. Demontfaucon a enfin un successeur, c’est Loic Pietri. Il vient tout juste d’avoir 23 ans.

Quatre d’un coup !
Ce jeudi, l’Europe est revenue dans la place et elle s’appelle globalement la France ! Quatre médailles d’un coup, c’est un vertige. Anonyme jusque là, la France revient au deuxième plan des nations derrière le Japon, coiffe au poteau, pour l’instant, les trois médailles brésiliennes, les deux finales mongoles. Derrière Lucie Décosse, Audrey Tcheumeo, Teddy Riner, pour ne citer que ceux qui ont déjà obtenu un titre mondial… La France première nation en 2013 ? C’est tout à fait possible désormais, malgré l’avance prise par le Japon. Mais celui-ci a montré aujourd’hui ses points faibles : des combattants masculins à venir qui ne valent pas ses trois petits génies – son -81 kg Keita Nagashima a perdu au premier tour sur le Slovène Cetic. Des féminines qui, cela se confirme de jour en jour, ne vont pas mieux qu’à Londres. Aujourd’hui Tanaka et Abe furent l’ombre d’elles même et ne parviennent même pas, à elles deux, à arracher une médaille de bronze.

La Russie est cette fois loin du compte et ne sauve aujourd’hui qu’une médaille de bronze. Si son impact va devenir plus fort à mesure que les combattants prennent du poids, il est désormais clair que les Russes ne se joindront pas à la lutte pour la première place des nations cette fois. Décidément, oui, Rio 2013 sera peut-être bien un triomphe français. Et si, pour la première fois de l’histoire, la France finissait première nation du judo mondial ? Cela se jouera autour de trois à quatre médailles d’or. C’est possible.

Troisième journée : Ono, la preuve par trois

On l’avait pronostiqué juste avant ces championnats du monde : si le Japon ne profitait pas de ses trois flèches dans les catégories légères, il risquait une grosse déconvenue. Il faut désormais renverser la proposition : Après un tel triomphe dans les catégories légères masculines, qu’est-ce qui peut encore atteindre le Japon ?
Il est probable que le pays roi aura du mal à emporter d’autres médailles d’or masculines à partir de jeudi, mais engranger trois titres en trois jours, et surtout avec une telle démonstration de force, il n’y a encore que le Japon pour pouvoir faire ça. En rappelant ce qui la rend quasi inimitable : hyper technicité, force de la posture physique et mentale, élégance et sobriété chez des jeunes gens de moins de vingt-cinq ans, la maison-mère s’est rassuré  sur elle-même. Rio 2013 restera une compétition de référence, celle de l’éternel renouveau nippon.

Takato, Ebinuma, Ono
Le super léger Takato a fait souffler lundi le vent de la technique, de la maîtrise physique et de l’entousiasme juvénile. Mardi, Ebinuma ajoutait l’élégance et la « samouraï attitude » pour un championnat des -66 kg à garder dans les annales. Avec Shohei Ono, 20 ans à peine, on touche à la très haute exception, celle des grands « monstres » des générations précédentes. Ce jeune combattant a montré aujourd’hui qu’il était peut-être de la trempe des légendes. Puissant et stable, charismatique, il a fait sombré en à peine plus de deux minutes le Coréen Wang au premier tour, sorti par hansokumake comme un combattant de troisième division, il a su renverser dans les dernières secondes une situation qui lui échappait face au renard néerlandais Dex Elmont –très fort encore aujourd’hui – et il lui aura suffi de poser une seule fois sa main sur la manche d’Ugo Legrand en finale, pour le satelliser sur uchi-mata. Champion du monde 2013 à 20 ans, Shohei Ono prend date. Cette Olympiade est pour lui.

Les garçons passent, les filles doutent
Trois titres donc, et une médaille de bronze, les garçons nippons font le boulot à la perfection, même si Nakaya, assommé net par un o-soto-gari / nidan ko-soto-gari du Mongol Sainjargal, ne pouvait défendre ses chances pour le podium en -73 kg. Trois titres masculins, c’est déjà au dessus de la moyenne habituelle, c’est déjà mieux qu’à Paris en 2011 (deux titres pour quatre finales, cinq médailles en tout). Il reste quatre catégories pour que le Japon gonfle son butin déjà exceptionnel. La position est confortable.
Comme on le pressentait dès la défaite d’Asami (-48 kg) le premier jour, les féminines japonaises en revanche ont le plus grand mal à s’élever au niveau requis. Autant les garçons se sont trouvés une motivation, autant les filles semblent flotter. Aucune médaille d’or dans les catégories légères, et ce mercredi, Anzu Yamamoto sans souffle ni mobilité est même éjectée du podium… L’or s’éloigne.

Après l’Asie, les Amériques
Si l’Asie marque un peu moins la journée que les deux précédentes, malgré la victoire de Ono, l’Europe n’en profite pas complètement. C’est l’Amérique qui fait en effet la finale féminine. Brésil contre USA, et le Brésil, vainqueur par Rafaela Silva (-57 kg) d’un maître de-ashi-barai sur l’Américaine Malloy, revient dans la course. Si la nation auriverde avait déjà sa championne olympique avec Sarah Menezes, la guerrière Silva aura le privilège d’être la première championne du monde de judo brésilienne. Deuxième nation avec déjà l’or, l’argent et le bronze, le Brésil n’a pas encore joué toutes ses cartes, loin de là.

Et la France ?
Elle a « débloqué le compteur » comme s’en félicitaient certains entraîneurs. Mais la journée reste mitigée. Car si la performance de Ugo Legrand, « l’homme qui dit ce qu’il va faire et qui fait ce qu’il a dit », est exceptionnelle, surtout après une préparation aussi perturbée par les blessures, celle d’Automne Pavia déçoit. La n°1 mondiale domine la Japonaise, mais passe à côté de sa demi-finale face à la Brésilienne et rate sa place de trois contre l’Allemande Roper qu’elle avait pourtant souvent dominé avant ce championnat. Aucun podium après trois catégories et le parcours de deux médaillées olympiques, le signal n’est pas très positif. On se console cependant en se rappelant qu’en 2011 aux championnats du monde à Paris, à ce moment de la compétition, seul Ugo Legrand était médaillé. Il y avait encore quatre belles médailles d’or à conquérir (Emane, Décosse, Tcheuméo et Riner).
Cuba, la Corée, la Chine, la Géorgie et la Russie sont encore plus loin du compte. Il reste trois jours pour se refaire.

Deuxième jour : Et toujours le Japon

Le deuxième jour des championnats du monde de judo 2013 à Rio ont consacré deux héros, chacun dans leur genre. Masatoshi Ebinuma (-66 kg), avec son visage d’ange ou de jeune moine bouddhiste est le judoka japonais dans toute sa gloire : la technique, l’attitude, l’esprit samouraï. Maljinda Kelmendi (-52 kg)  a réussi de son côté à devenir l’héroïne sportive d’un pays tout neuf, le Kosovo, dont elle est la première championne du monde.

Après une journée assez forte sur le plan judo hier, on est monté d’un cran ou même de deux aujourd’hui. Quoi qu’il se passe dans les jours qui viennent, on se souviendra de cette très belle bataille des -66 kg à Rio, animée par l’Ukrainien Zantaraiya, l’Azéri Shikalizada, le Brésilien Chibana, le Kazakh Mukanov, et surtout le magnifique Ebinuma.

Tandis que l’Ukrainien Zantaraiya et l’Azéri Shikalizada éclaboussaient leurs adversaires de leur spectaculaire talent, tandis que le Brésilien Chibana faisait exulter la foule juvénile du Maracazinho avec ses grands arrachés de classe, le Kazakh Mukanov, un quasi inconnu malgré sa troisième place au tournoi d’Asie, s’emparait du championnat sans demander l’avis de personne. Anonyme en début de journée, il sortait en dix secondes l’éphémère héros anglais Colin Oates tombeur de Sobirov et du champion olympique Shavdatuashvili, se révélait en projetant le Japonais Fukuoka sur un magnifique sasae-tsuri-komi-ashi et calmait les ardeurs de l’explosif ukrainien, finalement maté par la puissance et la fermeté de ce Kazakh. De l’autre côté du tableau, Ebinuma faisait la journée attendue, exceptionnel de talent, mais surtout très fort mentalement pour sortir d’un parcours finalement assez « piégeux ». Mené notamment jusqu’à quelques secondes de la fin d’une pénalité par le Brésilien Chibana, il trouvait la faille sur un avant-arrière lumineux. En finale, agressé physiquement par le Kazakh décidé coûte que coûte à être champion du monde, surpris au sol sur une clé en hara-gatame sur lequel Mukanov faisait tout ce qu’il pouvait pour lui disloquer le bras, il criait de douleur, mais ne frappait pas et sortait de là avec le bras pendant, les doigts figés, manifestement presque incapable de lever le bras. Pourtant, il trouvait l’ouverture pour son formidable o-uchi-gari en ken-ken. Un très grand moment des championnats du monde. Ebinuma emporte un deuxième titre mondial de haut niveau et réconforte le Japon.

Le Japon est éternel
Avec lui en effet, c’est le Japon qui gagne. Deux catégories masculines, deux médailles d’or et une médaille de bronze japonaises… Si on peut penser que le Japon est en train de manger son pain blanc car il était attendu dans les petites catégories et ce sera plus difficile dans les autres, il n’en laisse aucune miette et, avec déjà deux médailles d’or au compteur, mais aussi la médaille de bronze de Fukuoka, second engagé en -66 kg, il peut laisser venir les journées suivantes avec sérénité. Et d’autant que les féminines accompagnent le mouvement avec une nouvelle médaille aujourd’hui pour Hashimoto (bronze en -52 kg) suite à celle d’Asami hier (argent en -48 kg). Néanmoins, la tendance se confirme : si les garçons signent une prestation parfaite, notamment dans l’approche mentale, les féminines ont plus de mal à triompher. Cette fois c’est l’agressif bras gauche de la Kosovare Kelmendi qui a dominé le judo d’Hashimoto, qui n’avait plus perdu depuis longtemps. La Kosovare pouvait s’effondrer en larmes après sa demi-finale victorieuse contre la représentante japonaise, elle savait qu’elle venait de faire le plus difficile. Malgré le public et sa détermination, la Brésilienne Miranda – qui venait d’&carter la favorite russe Kyuzutina – ne pouvait empêcher l’avènement de la première championne du monde kosovare, quatre ans après son titre junior à Paris.

L’Asie domine toujours
L’Asie est toujours largement dominante aujourd’hui, malgré l’or de Kelmendi. Si le Brésil s’est montré à la hauteur de ses prétentions de pays hôte, il n’emporte toujours pas d’or et la révélation Chibana échoue à la cinquième place, non sans avoir secoué les deux Japonais, menant même d’un waza-ari sur Fukuoka pour la place de trois.
Le Kazakhstan aujourd’hui après la Mongolie et l’Azerbaidjan hier, les grandes steppes d’Asie centrale fournissent des champions tous les jours pour ce rendez-vous mondial de Rio 2013.
La France en revanche n’y parvient pas, et c’est une franche déception aujourd’hui avec deux engagés masculins, dont David Larose, excellent depuis le tournoi de Paris 2013 qu’il a emporté, et une médaillée olympique en lice. Priscilla Gneto n’a pas pu s’opposer à la Kosovare Kelmendi, et c’est sans doute logique après sa préparation perturbée. C’est plus frustrant de voir Larose échouer au premier tour devant un quasi anonyme « qui ne lui convient pas »…
Il va falloir mercredi effacer l’impression négative qui flotte désormais autour de l’équipe de France. En attendant, le Japon a déjà hissé trois combattant(e)s en finale, emporté deux titres et cinq médailles. La messe est-elle déjà dite ?

Premier Jour : l’Asie frappe fort 

Au championnat du monde de judo de Rio 2013, l’Asie installe les prémices de son leadership…. Le Japon confirme qu’il sera encore le pays à vaincre et la Mongolie se révèle à un niveau jamais atteint.

On aurait pu avoir un duel Géorgie – Brésil chez les garçons en -60 kg, avec le n°1 mondial Papinashvili contre le n°3 Felipe Kitadai. Il aurait été logique d’avoir une opposition Brésil Europe en -48 kg chez les féminines, la première mondiale étant la championne olympique brésilienne Menezes, la deuxième étant la Belge Van Snick… Mais la première journée de ce championnat du monde de Rio a fixé les tendances : en dépit du soleil et du jeune public brésilien, en dépit des classements mondiaux, c’est l’Asie qui frappe les trois coups dès le premier jour. C’est une première : deux pays d’Asie en finale des deux catégories super-légères, et les deux mêmes, le Japon et la Mongolie (qui place un deuxième homme au pied du podium), on n’avait jamais vu ça.

Le Japon entre satisfaction et cicatrisation
Le Japon se rassure en plaçant ses deux légers en finale, comme c’était prévu. Mais si Takato (-60 kg) est vraiment la révélation de ce championnat – et met l’équipe masculine japonaise sur la meilleure rampe de lancement possible – la défaite d’Asami en finale des -48 kg montre au contraire tous les signes que la blessure des féminines japonaises n’est pas refermée. Privée des Jeux, Asami était l’une des seules de la génération précédente à venir tenir la baraque et la « chasse gardée » des -48 kg, que le Japon truste depuis 2008. Mais c’est la seconde fois après le fiasco de 2012 que les Japonaises lâchent cette catégorie au reste du monde. Solide, mais sans vista aujourd’hui, elle se fait surprendre assez logiquement par la combattante la plus forte du jour, la Mongole Munkhbat.

La révélation mongole
L’exploit, le voilà. C’est non seulement la première fois qu’une Mongole se hisse en finale d’un championnat du monde de judo (les Mongoles n’ont récolté que deux médailles de bronze depuis 1980), mais c’est bien évidemment la première fois qu’elle emporte un titre. Urantsetseg Munkhbat n’était pas la plus attendue des Mongoles. Elle a 23 ans, elle est 6e mondiale et avait été battue à Londres par Alina Dumitru et l’Argentine Paula Pareto. Mais elle a été remarquablement forte ce lundi, surclassant la Cubaine Laborde, contrant par deux fois assez facilement la championne olympique Menezes, trop statique contre elle, et trouvant en finale l’ouverture pour une clé qui mystifiait Asami (laquelle avait pourtant battue l’autre Cubaine du jour, Mestre Alvarez, et la Belge Van Snick).
La forme impressionnante de l’équipe mongole est confirmée par le remarquable parcours du – 60 kg Amartuvshin Dashdavaa, qui fait lui aussi une journée inattendue à ce niveau, même si il avait gagné le Grand Prix de Turquie et le Grand Chelem de Bakou. En finale, il oblige le petit génie Takato à hausser encore son niveau dans le plus beau combat du jour.

Une échappée dès le premier jour ?
Pour compléter le tir groupé asiatique, le -60 kg coréen Kim Won-Jin, vice champion d’Asie, fait impression toute la journée avec sa terrible garde coréenne (qui étouffera le Brésilien Kitadai) et ne chute que sur l’intouchable Takato. Attention, la Corée est encore là.
Le reste du monde a les miettes. Une seule pour le Brésil, le déçu du jour avec sa championne et son médaillé olympique en piste, une pour la Belgique de Van Snick, qui persiste à confirmer son talent solitaire, et une pour l’Azerbaidjan d’Orkhan Safarov, la grande surprise du jour. Troisième des championnats d’Europe -23 ans 2012 et deuxième homme pour l’Azerbaidjan en -60 kg loin  derrière le médaillé mondial 2011 Ligar Mushkiyev (qui perd sur le Kazakh Telmanov), il crucifie les meilleurs européens, le Russe Medranov sur un seoi-nage coréen et le Géorgien Papinashvili sur un o-uchi-gari parfait. La bonne journée pour Safarov.

Ni les Russes, ni les Français, représentés par la seule Laetitia Payet, dont la vaillance ne suffit plus, n’ont marqué la journée. Le trou est déjà fait avec les grands rivaux qui s’échappent.