Second sacre après 2015 pour le vice-champion olympique 2016

Cette édition 2018 du Zen Nihon, sur le papier, avait de quoi rester comme un excellent cru. Et ce fut le cas ! Des beaux pions, des judokas découvrant cette épreuve et venus au Nippon Budokan sans complexe, un arbitrage modifié par rapport à l’année dernière et revenu à des choix plus en cohérence avec l’esprit de ce « toutes cat' » et un vainqueur, Hisayoshi Harasawa qui n’arrive à contenir ses larmes après sa victoire lors d’une finale haletante contre Takeshi Ojitani. Le combattant de la JRA (Japan Racing Association) qui validait du coup son billet pour Bakou, en septembre.

Takato et Hashimoto, sans complexe

L’annonce, faite il y a plusieurs semaines, avait retenu l’attention. Et pour cause : Naohisa Takato, le lutin malin et son compère Soichi Hashimoto, tous les deux champions du monde 2017 en -60kg et -73kg et membres de l’équipe Park 24 dirigée par Hidehiko Yoshida allaient en être ! De même, la présence de deux lycéens, Sanshiro Murao (-90kg) et Kenta Nakano (+100kg) ajoutaient aussi à la curiosité. Au final, pas d’exploits pour ces quatre combattants puis Naohisa Takato, contre Yuki Ushiuchi (un -100kg, ancien capitaine de Tenri), Kenta Nakano contre Kaiki Yamashita (étudiant de Kokushikan), Soichi Hashimoto contre Kyohei Kakita (-90kg, Asahi Kasei) s’inclinaient dès leur premier combat. Sanshiro Murao, 17 ans, s’imposait lui au 1er tour contre Takuya Kondo (-90kg) aux pénalités avant de devoir baisser pavillon face à Takaya Yamaguchi (-100kg, Nichidai), 3aux championnats du monde juniors 2017. Des défaites certes, mais un vrai moment de plaisir, au moins pour Takato : haletant mais le sourire aux lèvres, ce dernier débriéfait en direct à la télé son combat, à peine descendu de l’unique tatami.  Son intervieweur ? Tadahiro Nomura…
Une compétition où tout le gratin du judo nippon était évidemment présent et qui ne s’était pas privé, l’année dernière, de critiquer le choix de modifier les règles d’arbitrage de cette compétition mythique pour les calquer sur celles du circuit mondial. Un « coup de gueule » à moitié entendu puisque si le temps restait à quatre minutes et le hansokumake à trois pénalités, le Kodokan (organisateur de la compétition) avait décidé de réintroduire le yuko et de faire passer le waza-ari en osae-komi à quinze secondes.

Harasawa n’a pas craqué

En lice pour un quatrième titre (il aurait alors rejoint Masahiko Kimura et Keiji Suzuki), Takeshi Ojitani, l’ancien capitaine Tokai et désormais membre de l’équipe d’Asahi Kasei, 2e à Düsseldorf en février devra finalement attendre. Arrivé jusqu’en finale en battant Kentaro Iida en 1/4 de finale sur un contre bien suivi au sol puis Yusei Ogawa sur un de-ashi-barai compté waza-ari, Ojitani retrouvait donc Hisayoshi Harasawa en finale. Le vice-champion olympique 2016, lui, sortait de trois combats conclus au golden score dont un 1/4 de finale de 6’41 contre Ryu Shichinohe, remporté aux pénalités et une demi-finale de 7’35 contre l’éternel Hirotaka Kato où Harasawa trouvait finalement l’ouverture avec son spécial, uchi-mata.  La dernière confrontation entre les deux titulaires des championnats du monde 2017 ? La désormais tristement célèbre finale du Grand Chelem allemand et, on s’en souvient, la décision par le corps arbitral de les disqualifier simultanément. On espérait une confrontation plus active et un arbitrage moins pointilleux. Ce fut le cas avec les tentatives très nettes d’o-soto-gari d’Ojitani, et d’uchi-mata et sasae-tsuri-komi-ashi de Harasawa. Et même si ce dernier avait passé un temps effectif plus conséquent sur le tatami que son adversaire, c’est Ojitani qui se faisait pénaliser une troisième fois, après un long échange entre les trois arbitres. Harasawa pouvait alors verser quelques larmes de joie et de soulagement à la fin d’un combat qui aura duré 9 minutes et seize secondes ! Lui qui a décidé de quitter la JRA pour ne pouvoir se consacrer qu’au judo (il est donc en recherche de sponsors), le voilà doublement titré après 2015. Une victoire qui lui offre aussi une sélection pour les championnats du monde, fin septembre, en Azerbaïdjan. Pour un premier titre mondial ?