Une potacherie française qui tourne à l’affaire d’état

En bandeau défilant, sur cette chaîne d’information russe, la légende de cette image : « La France dit au revoir à la Russie »…

La photo tournait depuis quelques jours sur les réseaux et l’entraîneur français Patrick Roux nous disait que ses collègues le brocardaient en lui demandant si c’était une coutume française. Nous ne nous étions pas précipités, avouons-le, sur cette « news », qui nous paraissait être une potacherie de parking, maladroite et de mauvais goût, mais probablement plus liée à la dernière interview de Teddy qui se prolongeait, et sans véritable mauvais esprit.

Seulement voilà. Comme la légende de cette image l’indique les réseaux sociaux et professionnels russes, et mêmes les télés, la prennent moyennement bien, l’interprétant comme un geste « politique ». Et depuis quelques jours, les grand médias français relayent l’information, RMC, Le Figaro, Le Parisien, l’Equipe, pour ne citer que ceux-là, ont montré cette paire de fesses anonymes (pour lesquelles, sans doute, cela doit commencer à chauffer un peu en interne !), faisant aussi le lien avec une histoire de boules puantes jetées à l’Elysée lors d’un réception en présence du Ministre des Sports.

Problème nouveau, la Fédération Internationale de Judo a eu vent de la chose – si l’on peut dire – et a décidé d’entamer une procédure, qui aboutira selon toute probabilité à une sanction générale (à défaut de pouvoir obtenir le nom du coupable) pour la France, probablement une suspension à durée encore indéterminée des compétitions internationales. Le Président Marius Vizer est paraît-il très remonté. En plus de l’image donnée, la sanction risque d’être un vrai préjudice.

Une bêtise ou une insulte ?

De notre côté, nous ne pensons pas grand chose de cette bêtise, sinon que nos combattants ont parfois du mal à comprendre la logique de représentation et d’exemplarité qu’impliquent leur sélection, et même leur talent de « numéro un français ». Sans doute cette blagounette de mauvais goût – qui n’est ni un vol, ni une bagarre ou autre problème de ce niveau – n’était pas faite pour faire le tour du monde. Mais elle est une nouvelle leçon que dans un monde connecté, la discipline personnelle doit être sans faille, si l’on veut éviter de passer au mieux pour des imbéciles, au pire pour des gens de mauvais esprit. C’est dommage que ce beau groupe de combattants n’ait pas eu, à cet instant, plus le sens de sa dignité, et de ses responsabilités, ni la retenue de pensée qu’un tel geste (montrer ses fesses) pouvait être légitimement considéré comme une insolence, même une insulte, chacun pouvant décider qu’elle s’adresse à lui et à ce qu’il représente.
Et peut-être que le sentiment d’incarner quelque chose, d’avoir à être exemplaire, pourrait aider les combattants français au moment des combats décisifs. On se sent peut-être moins seul quand on pense fermement que la France est derrière nous à ce moment-là… Ce sentiment se construit aussi quand on a le survêt’ au coq sur le dos.
Il reste la possibilité qu’il y ait dans ce geste, après tout, une vraie provocation lancée au sortir « des championnats du monde de Poutine ». Dans ce cas chacun apréciera selon sa conception, mais pour nous, ce serait alors la marque d’une grande inconséquence et d’une impolitesse grave qu’on doit à celui qui reçoit. Il est bien possible qu’il y ait dans la grosse colère de Marius Vizer un peu de ce sentiment-là. Le sentiment d’un affront, comme une boule puante qui aurait été jetée dans le beau championnat du maître du Kremlin.

Qu’en dit la FFJDA ?

Mais ne jetons pas trop fort la pierre et répétons encore une fois que la bêtise est bien plus probablement bénigne, aurait dû être considérée comme telle et ne méritait pas cette publicité, surtout à la sortie d’un championnat du monde épuisant nerveusement. On a en a connu d’autres, retrouvés tout nus dans des fontaines ou courant à travers des places. Mais il n’y avait pas d’image à ce moment-là et personne ne pouvait prendre ces comportements comme insultants.

En revanche, il nous paraît plus surprenant de constater l’absence de réaction de l’encadrement français, une réaction qui aurait dû être claire et pouvait se cantonner au symbolique. Les Japonais viennent d’ailleurs de nous en donner une petite leçon. À quand un Jean-Claude Senaud, le DTN, ou un Stéphane Frémont, le responsable de l’équipe masculine, avec la boule à zéro en signe de contrition ? (Pour comprendre à quoi nous faisons allusion, voir article ici). C’est une plaisanterie bien sûr, mais on attend néanmoins de savoir, dans les jours qui viennent, comment la Fédération prend l’événement, maintenant que la statégie du « dos rond » a échoué.