« Ce qui me touche le plus ? Avoir marqué des gens de milieux différents »

© Christophe Petit-Tesson – L’Esprit du Judo / Lucie Décosse.

Libérée… Lucie Décosse sillonne la France quand elle ne prend la direction de l’étranger pour profiter de sa nouvelle vie. Notre correspondant dans la région Sud, Thomas Rouquette, l’a rencontrée, heureuse de pouvoir prendre le temps partout où elle passe alors qu’elle commence à mesurer l’empreinte qu’elle a laissé auprès des gens.

Lucie Décosse, on t’a quittée à Rio avec beaucoup d’émotions autour de tes derniers championnats du monde. Qu’as-tu fait depuis ?
J’ai fait beaucoup de voyages, je me suis déplacée dans pas mal de clubs, j’ai fait pas mal d’inaugurations aussi. Par exemple, je suis allée à Saint Pierre-et-Miquelon, à Grenoble, etc.

Et maintenant, quels sont tes projets à court terme ?
Un peu la même chose en fait ! Déjà, beaucoup de disponibilités pour mes sponsors. Par exemple, j’étais à Monaco dans le cadre de mon partenariat avec Mizuno. Je suis aussi invitée dans de nombreux clubs. C’est donc cela qui va m’occuper les prochaines semaines.

Le journalisme ?
Pour l’instant je n’y pense pas trop.  J’ai la chance d’avoir des sponsors qui me soutiennent, donc j’en profite pour pouvoir enfin « respirer » après 14 ans de haut-niveau et profiter de tout ce qui m’est proposé grâce au judo. Quand j’y pense, répondre aux sollicitations des clubs est en fait l’une des choses que je peux enfin me permettre depuis que je ne suis plus athlète de haut-niveau.

© Christophe Petit-Tesson – L’Esprit du Judo / Prendre le temps, le leitmotiv de Lucie Décosse depuis sa retraite sportive.

Justement, comment tu vis cette nouvelle vie de spectatrice, notamment lors des événements auxquels tu es conviée ?
Très bien ! Ce ne sont que des choses positives ! C’est du partage, les gens sont contents de me voir et, de mon côté, j’en profite pour beaucoup discuter, sur le mode « mondo » pour expliquer ce qu’est le haut niveau, expliquer mon parcours, dire qu’au delà du judo, quels avantages il y a faire du sport. L’objectif c’est de partager avec les enfants. Et puis je n’oublie pas que beaucoup de gens m’ont soutenue et supportée pendant ma carrière. Répondre à ces sollicitations, c’est aussi une manière de les remercier, d’aller à leur rencontre et de leur dire qu’en judo les champions sont proches des enfants et des licenciés « de base », parce qu’on l’a tous été avant de devenir champion. En plus, je continue à être surprise, contente et flattée d’avoir des gens qui me disent « merci », « félicitations »… Mais ce qui me touche le plus, c’est que j’ai l’impression d’avoir marqué des gens différents : que se soit dans le monde des compétiteurs, des enfants, des dirigeants, d’autres sportifs. Je suis heureuse d’avoir laissé, semble-t-il, une trace.

Et apporter ton expertise technique à des jeunes judokas en structure, tu y penses ?
À l’heure actuelle, je ne sais pas de quelle manière cela va se faire. Mais bien sûr, que j’aimerais être au contact de judokas compétiteurs. Je n’y ai pas réfléchi mais en tout cas soyons clair : pour l’instant je n’ai pas envie d’être entraîneur. Il ne faut jamais dire jamais, mais pour moi il est clair qu’aujourd’hui ce n’est pas ce que j’ai envie de faire.

Un mot sur la décision de la FIJ de réduire le temps des combats féminins à 4 minutes, qui a fait beaucoup réagir, notamment Kayla Harrison ?
En fait je me pose des questions. Avant d’avoir une opinion définitive, j’aimerais bien savoir quelles sont les raisons invoquées. Parce qu’en l’absence de réponse, on pourrait en conclure que les filles « c’est moins intéressant » et que donc les combats doivent se terminer plus rapidement.Mais à chaud je trouve ça dommage parce que les filles se sont battues pour être au niveau des hommes en judo, elles se sont battues pour que ce sport soit mixte. Je note aussi qu’il n’y a pas ou peu de femmes à la FIJ, donc cela compte peut-être dans ce genre de décision. On était un exemple le judo avec une équivalence homme/femme (temps de combat, règles, prime…)  et là c’est clairement un retour en arrière. Et je ne comprends pas trop pourquoi.