L’ancien chairman de l’IBSA est un fervent militant du judo adapté

Jean-Claude Prieur, chairman de l’IBSA (International Blind Sports Association) durant les deux dernières paralympiades (2004-2012), n’a pu briguer de troisième mandat après Londres, faute de soutien côté français. Ce militant de la cause handisport, qui œuvre bénévolement depuis plus de trente ans, revient sur ses années IBSA, ses nouveaux projets, et dresse un état des lieux mitigé sur le développement du judo adapté en France.

© L’Esprit du Judo / Jean-Claude Prieur (à gauche), ici aux côtés d’Henri Courtine, lors de la promotion des championnats du monde IBSA 2011 d’Antalya en marge du Tournoi de Paris.

Jean-Claude, vous étiez invité aux derniers championnats d’Europe d’Eger (retrouvez les résultats ici), qu’en avez-vous pensé ?

«  Tout d’abord, j’ai apprécié que l’IBSA et le comité paralympique me convient pour cette belle compétition, dont l’organisation a été très bonne. Avec 23 pays européens représentés sur les tatamis, total qui constitue un nouveau record, le judo handisport prouve son implantation en Europe. Par ailleurs, l’originalité de la coupe d’Europe des moins de 20 ans est très intéressante pour motiver les jeunes qui ne bénéficient que de trop peu de compétitions spécifiques. L’accent mis à l’IBSA sur le développement, qui me tenait particulièrement à cœur lorsque j’y étais, perdure et c’est tant mieux. Les compétitions tournent bien, le niveau monte à chaque tournoi, preuve que mon travail n’était pas si mauvais que ça.

On vous sent déçu quant à la brutale fin de votre histoire avec l’IBSA après huit années à sa tête …

Étant donné que nous avions lancé pas mal de chantiers, comme la classification des combattants par exemple, je souhaitais continuer l’aventure jusqu’à Rio en 2016. Mais mon successeur hongrois est là pour ça. Durant ces huit années, je me suis en tout cas éclaté, avec ce développement extraordinaire de la quantité et de la qualité que connaît le judo handisport, que l’on a pratiquement créé il y a trente ans. Je regrette seulement le manque de soutien, financier ou moral, de la part de la fédération française handisport. On dit toujours que la France n’est pas suffisamment représentée à l’international, mais là, ils avaient quelqu’un sous la main … Le fait de ne pas avoir voulu prendre parti lors de l’attribution des championnats d’Europe IBSA 2011, où la France et la Grande-Bretagne avaient proposé leurs candidatures (pour une organisation finale à Crowley, en Angleterre, NDLR), a corroboré la décision de certains de ne pas me voir être renommé. Mais je ne suis pas aigri, car il reste beaucoup à faire pour le judo en général. Ce n’est pas un problème.

Avant 2004, vous étiez responsable national du judo handisport. Quel regard portez-vous sur l’évolution du système français ?

Après l’échec des Jeux de Londres (aucune médaille pour le clan français, NDLR), ce système n’a guère évolué. Il demeure trop axé sur le haut niveau, occultant la prospection et le développement pour ne se reposer uniquement sur ses acquis. La sélection, réduite à peau de chagrin, ne compte pas forcément dans ses rangs les meilleurs athlètes. C’est dommage car il y a une grosse perte de temps, et un retard qui s’accroît sur les autres nations. Je continuerai tout de même à les supporter, surtout ceux que j’ai la chance de suivre depuis 15-20 ans.

Dorénavant, quels sont vos projets ?

Même si, à 72 ans, je suis désormais retraité, je vais poursuivre ma passion en essayant de me rendre encore utile en sortant des sentiers battus. Je continue bien sûr à enseigner auprès des handicapés visuels et mentaux. Par ailleurs, je me suis lancé dans une recherche sur le judo à destination des retraités et dans les EHPAD (établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes, NDLR), en essayant de trouver quelles sont les possibilités d’adaptation du judo pour ce public. On a la chance d’avoir une discipline qui peut permettre la pratique de publics divers et variés. Par un travail basé sur la recherche d’équilibre, de déplacements et d’autonomie, on doit pouvoir apporter du bien-être à ces personnes. Ceux qui souffrent de démence ou de pathologies comme Alzheimer sont aussi concernés par une telle pratique. Et puis, ça me servira peut-être un jour ! (rires) »

Revivez la dernière paralympiade en regardant la vidéo ci-dessous.