bon ou mauvais tirage, la demi-finale sera chère !

Ce sont les championnats du monde. Tout le monde est là et quelque soit la densité des catégories – de pas simple, mais jouable à « cauchemardesque » – bien ou mal loti par le tirage au sort, il faudra se hisser à l’exceptionnel pour espérer prétendre à une médaille. L’enjeu sera d’abord de sortir de son quart de tableau et pour cela il faudra battre au moins un « cador », sinon deux pour chacun de nos représentants. À ce jeu-là, certains s’en tirent mieux que d’autres…

Première partie, du 24 au 27 août 2015

féminines -48 kg / -52 kg / -57 kg / -63 kg
Masculins -60 kg / -66 kg / -73 kg / -81 kg

Féminines

-48kg : Franchement dur
Amandine Buchard devra donc battre d’entrée la vice-championne d’Europe Ebru Sahin (Turquie), une combattante qu’elle a déjà rencontré et battu en « golden league » l’année dernière, en -52 kg. La bonne gestion du régime, pour l’une et l’autre, sera l’enjeu crucial. Le « cador » d’Amandine ? La Japonaise Ami Kondo, championne du monde en titre en quart de finale. Difficile donc, très difficile même… mais les deux combattantes sont de la même génération et si Kondo a battu la Française au championnat du monde cadet puis au championnat du monde junior, elle est un peu moins bien depuis son titre senior et c’est peut-être le moment de la prendre. Le quart de tableau juste au-dessus n’est pas meilleur avec la championne olympique Menezes (Brésil), la championne d’Europe Van Snick (Belgique), médaillée olympique comme la Hongroise Csernovicki dans le même quart. La vice-championne du monde argentine Pareto, qui avait arrêté la jeune Française l’année dernière, est là aussi. Ce sera une demi-finale éventuelle bien compliquée à gérer. La championne du monde 2013 Munkhbat (Mongolie) et la Japonaise Asami, championne du monde 2010 et 2011 sont dans l’autre demi-tableau. La catégorie sera rude !

-52kg : Pas simple, mais jouable
Si la nouvelle Annabelle Euranie n’a, somme toute, guère de référence depuis son retour au premier plan, on peut fermement espérer que son quart de tableau est à sa main jusqu’à sa rencontre potentielle avec la Brésilienne Erika Miranda, 1ère au Grand Chelem de Tyumen 2015 et médaillée mondiale 2014. Elles ne se sont jamais rencontrées, et il n’est pas dit que le style tout en bras et en jambes de la Française ne gêne pas le petit gabarit brésilien. Dans la perspective d’un exploit, la demi-finale serait terrible contre la Japonaise Nakamura, championne du monde 2011, la Russe Kuziutina, médaillée mondiale, ou la vice championne olympîque cubaine Bermoy… mais pourquoi pas ? L’absence de la double championne du monde kosovare Kelmendi libère une place sur le podium.

-57 kg : Cauchemardesque / Pas simple, mais jouable
Deux Françaises dans cette catégorie. Pour Hélène Recevaux tout se joue d’entrée, déjà, contre la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, 3ème au Grand Chelem de Tyumen 2015 et 12ème mondiale. Mais après, c’est pire. La Brésilienne Rafaela Silva, 1ère à Düsseldorf, est championne du monde 2013 et vient se préparer à faire une grosse performance pour les Jeux de Rio. Il faudrait battre aussi, ensuite, la Néerlandaise Verhagen médaillée mondiale et l’Américaine Malloy, médaillée olympique, pour sortir du quart de tableau ! Un cauchemar, donc, pour Receveaux, mais la Dijonaise n’a rien à perdre. Pour Automne Pavia, la perpsective est bien meilleure avec la possibilité d’atteindre sans trop de difficulté la finale du quart de tableau contre, a-priori, la championne d’Europe en titre, la Portugaise Monteiro… laquelle l’avait battue justement à Bakou. On peut penser néanmoins que si ce combat est redoutable, il n’est pas du tout impossible à gagner pour Pavia, et même mieux… La Française en était à 3-0 avant sa défaite contre la tonique Portugaise. On avait parler d’une revanche à Bakou, ce sera mercredi 26 août, si tout va bien. Ensuite ce serait une demi-finale potentielle contre la Japonaise Matsumoto, championne olympique et championne du monde.

-63kg : Pas simple, mais jouable
N°1 mondiale, Clarisse Agbegnenou ne craint a-priori personne, de plus le tirage ne lui propose rien de particulièrement piégeux, même si Hilde Drexler (Autriche), qu’elle rencontre au premier tour est tout de même 13e mondiale et lui demandera d’être tout de suite à son meilleur niveau. Son quart ? Probablement Miku Tashiro, une Japonaise championne du monde junior 2010… une année où la toute jeune Clarisse Agbegnenou ne s’était pas classée. Depuis, la Française a rencontré trois fois la Japonaise et l’a emporté trois fois. Méfiance tout de même, car Tashiro qui n’a que 21 ans, un an de moins que la Française, était médaillée mondiale en 2014 et n’a perdu qu’une fois cette année. En un an, elle a encore pris de la maturité. En cas de victoire, Clarisse Agbegnenou serait sans doute opposée en demi-finale à sa grande adversaire des deux années précédentes, championne du monde 2013 et finaliste 2014, l’Israélienne Yarden Gerbi. La belle ?

Masculins

-60kg : Pas simple, mais jouable
Vincent Limare aura d’entrée un adversaire de taille avec l’Arménien Hovhannes Davtyan, trois fois médaillé européen et médaillé mondial. Mais à 31 ans c’est un combattant en perte de vitesse… et d’ailleurs battu par Vincent Limare au Grand Prix de Qingdao en Chine en décembre. La suite serait a-priori plus accessible jusqu’au quart de finale potentiel contre le Mongol Boldbaatar Ganbat, champion du monde en titre… Mais il se trouve que c’est le Français qui a gagné leur unique rencontre au Grand Chelem de Bakou en mai dernier ! Une référence qui donne confiance. La demi-finale hypothétique l’opposerait sans doute à un Ouzbek irrésistible depuis quelques mois, Sharafuddin Lutfillaev, ou le Géorgien Amiran Papinashvili, 2e mondial. Une parcours qui n’a finalement rien d’impossible pour l’outsider de l’équipe de France masculine.

66kg : Pas simple, mais jouable
On attend beaucoup de nos deux représentants, mais leur parcours ne sera pas un chemin pavé de roses. Le vice-champion d’Europe 2015 Loïc Korval sera d’entrée opposé à l’un de ceux qu’on n’a pas envie de rencontrer sur un championnat du monde à Astana, Azamat Mukanov, combattant du Kazakhstan, bien connu pour avoir tenté de briser le bras du Japonais Ebinuma en finale du championnat du monde 2013. En cas de victoire contre le combattant du pays devant son public, le Français aurait un 3ème tour potentiel contre l’Ukrainien Georgii Zantaraia, vainqueur du Masters 2015, et surtout toujours classé sur le podium lors des quatre derniers championnats du monde ! On n’est pas loin du « franchement dur », voire du cauchemar, à ceci près que le combattant du Kazakhstan est moins flambant depuis deux ans et que l’Ukrainien n’aime guère rencontrer Loic Korval, contre lequel il est à égalité de victoires et de défaites (2/2). L’autre quart de tableau propose une bagarre plus redoutable encore entre le Coréen An-Baul, le champion d’Europe russe Kamal Khan-Magomedov, le Japonais Masatoshi Ebinuma, lequel rencontre au second tour (normalement), le terrible Brésilien Charles Chibana, 2e mondial ! L’un de ceux-là sera en demi-finale. Face à Korval ?
L’autre représentant français, David Larose, est proche du cauchemar lui aussi avec le vice-champion du monde russe Mikhail Pulyaev dès le second tour, et avec la perspective de prendre en quart le second Japonais de la catégorie, Kengo Takaichi, une sélection qui indique assez que ce garçon de 22 ans est particulièrement à craindre. Mais là encore le combattant a du répondant : David Larose a emporté l’unique duel qui l’opposait au Russe (sur une jambe au championnat d’Europe à Montpellier en 2014) et n’a pas de complexe à faire face au jeune Japonais qu’il n’a jamais rencontré. Une éventuelle demi-finale contre le Mongol Tumurkhuleg Davaadorj n’est pas hors de sa portée…

73kg : Franchement dur
Pierre Duprat est sorti précocement, et très frustré, du dernier championnat d’Europe. Son quart de tableau semble vouloir lui offrir une « seconde chance » avec le même départ difficile contre le champion olympique des -66 kg Lasha Shavdatuashvili (Géorgie), qu’il avait battu au premier tour à Bakou, et un 1/8ème de finale potentiel contre l’Israélien Sagi Muki, le champion d’Europe 2015. Bonne nouvelle, il l’a battu régulièrement, quatre fois sur quatre, dans leurs dernières rencontres. Jusque là, on aurait pu évoquer un tirage quasiment « jouable », mais c’est en finale de ce copieux quart de tableau que les choses se corsent : le représentant français devra faire face au champion du monde 2013, l’époustoufant japonais Shohei Ono. Le jeune combattant de Tenri, battu en 2014, a-t-il retrouvé toute sa superbe ? Il semblerait qu’il n’en soit pas loin. Quoi qu’il en soit, le combat vaudra le détour !

-81kg : Franchement dur / Pas simple, mais jouable
Pour ce qui pourrait être sa dernière grande aventure de compétition, Alain Schmitt se voit offrir par le destin un 1/8ème de finale potentiel n contre le Géorgien Advantil Tchrikishvili, champion du monde et champion d’Europe en titre, contre lequel il avait fait un très grand combat en 2014, manquant d’un rien de le battre en demi-finale. Une revanche donc, qui n’est peut-être pas du goût du champion géorgien qui n’apprécie qu’à moitié la capacité d’Alain Schmitt à sortir de sa garde de fer pour placer ses seoi-nage. Ce sera en tout cas un grand moment, un grand scénario, dont la chute – si l’on peut dire – n’est encore pas écrite.
Le champion du monde 2013 et médaillé mondial 2014 Loic Pietri a de la marge et c’est pourquoi on peut penser que son tirage est « jouable », même si l’Iranien Saeid Mollaei, qu’il n’a jamais rencontré, a tout du piège à déjouer d’entrée. Son ¼ de finale potentiel contre l’Emirati Sergiu Toma, qu’il a rencontré deux fois en 2015 et qui lui a infligé une défaite, ou le Brésilien Victor Penalber, numéro trois mondial, qu’il a battu au championnat du monde de Rio en 2013, ou encore le Géorgien Ushangi Margiani, 21 ans, que le Français a battu en mars, ne sont pas des adversaires à sous-estimer, mais pas non plus à craindre pour le champion du monde 2013. Une éventuelle demi-finale le verrait peut-être prendre une revanche sur le Canadien Antoine Valois-Fortier, qui l’avait sorti du tableau à Chelyabinsk en 2014, où le très grand champion de la génération précédente, un combattant que Loic n’a jamais rencontré et qu’il rêvait d’affronter, le Coréen Kim Jae-Bum ! Ce serait un beau moment.